Premier album de Vulcain, Rock’n’Roll secours fait l’effet d’une bombe au moment de sa sortie.
Présenté comme le pendant français de Motörhead, le quatuor délivre un rock gras, teinté de punk et de metal, dont les paroles, parfois un peu naïves, sont symptomatiques d’une époque, d’un mode de vie et de centres d’intérêts qui ont un peu changé depuis.
Pourtant, trente-cinq ans plus tard, elles frappent encore par leur sincérité, comme nous frappe la puissance du groupe. Direct, efficace, assez peu technique, la musique du quatuor privilégie le groove et la communion avec les fans aux envolées lyriques.
Atypique dans le paysage metal français de l’époque, Vulcain fédère une importante fan base qui va permettre au groupe de durer un peu plus longtemps que ses camarades de scène.
Basée sur des tempos rapides, la musique de Vulcain puise aux sources du rock, du punk et du metal, pour mieux saisir l’auditeur à la gorge. La section rythmique y est donc prépondérante, même si son travail est assez simpliste comme on peut s’en rendre compte sur l’hymne « Le Fils De Lucifer », une sympathique histoire vaguement maléfique, comme le voulait la mode de l’époque.
Tout aussi naïve, « Ebony » est un hommage au label Ebony qui a signé le groupe et placé son morceau « Vulcain » sur sa compilation Metal Plated (1983) aux côtés de Blasphème et Demon Eyes. Plus déjanté, « Le King » évoque les grands prix de moto, avec son lot d’accélérations et de riffs furieux.
C’est simple et direct, mais moins encore que « Pile ou Face », un speed metal punk dominé par une basse vrombissante et un refrain fédérateur.
On le perçoit, le groupe ne vit que pour le rock, délaissant les fioritures, aussi bien dans les riffs que dans les paroles. « Rock ‘n’ Roll Secours » démarre lentement pour nous emporter ensuite dans sa gigue infernale.
Les guitares sont distordues et rapides, la section rythmique assure un train d’enfer, tandis que la voix éraillée et grave de Daniel Puzio ne cherche pas à faire des harmonies, mais va droit au but. Tout cela est clair sur « Vulcain / L’Enfer », la double pièce référence du groupe, qui écrase tout sur son passage, afin de nous emmener en enfer.
Pourtant, Vulcain n’est pas un groupe bas du front. Il rend hommage aux mineurs dans le nuancé « Les Damnés » et vomit sur une société qui écrase l’individu dans « Bosser », un brûlot punk metal qui ne peut pas laisser indifférent.
Il en va de même pour « Overdose » qui évoque la mort de ceux que le système a essoré jusqu’aux os.
Ce premier album ne manque pas de défauts, notamment un son un peu daté, mais il demeure le témoignage d’une époque où, déjà, les jeunes se rebellaient contre une société oppressive.
La version CD de 1997 inclut le trois titres La Dame de fer, avec « Reprends ta place », « La Dame de fer » et « Emmène-le ».
En un mot : indispensable.
@Denis Labbé