Cinquième album de Warrior Soul, The Space Age Playboys voit l’arrivée de deux nouveaux membres aux guitares (X-Factor) et à la batterie (Scott Duboys), prouvant l’instabilité de cette formation qui est réellement le bébé de Kory Clarke.
Malgré cela, cet opus est considéré par une bonne partie de la critique comme la meilleure réalisation du groupe aux côtés de Salutations from the Ghetto Nation (1992) et de Last Decade Dead Century (1990). Son écoute en apporte une preuve flagrante, ou plutôt treize preuves flagrantes puisqu’il n’existe aucun titre faible sur ce disque.
On y retrouve la patte Warrior Soul, c’est-à-dire ce mélange de heavy metal : l’entêtant « Rocket Engines » qui ouvre les hostilités, de stoner : l’épais « Look at You », d’ambiances psychédéliques : le troublant « Fightin’ the War », de rock alternatif : le quasi sleaze « The Image » et d’énergie punk : le superbe « Television », le tout propulsant des paroles revendicatrices et souvent surréalistes que transcende la voix unique de Kory Clarke.
Comme pour de nombreux titres du groupes, les riffs et les lignes vocales fonctionnent sur la répétition comme sur « The Drug » aux sonorités stoner ou encore le furieux « The Pretty Faces » qui voit Kory partir dans des envolées hallucinées
Les rythmes sont variés, ce qui permet d’entendre Warrior Soul s’attaquer à des rythmes rapides, ce qui n’a pas toujours été le cas. On retrouve ainsi le superbe « Rotten Soul » au riff hypnotique, à l’énergie débordante, mais également le génial « Generation Graveyard » sur lequel le batteur abat un travail monstrueux tandis que Kory se fait le porte-parole d’une génération sacrifiée.
Le son est énorme ce qui donne une ambiance de fin du monde à ce déferlement de riffs et de cris.
Warrior Soul s’attaque au hard rock, en mettant en place des compositions inspirées, bourrée de groove, comme l’excellente « Let’s Get Wasted » dont le riff tourbillonnant évoque les groupes psychédéliques des années 1970 ou l’incontournable « I Wanna Get Some » qui ne peut plus vous sortir de l’esprit une fois entré.
Le groupe se permet aussi de s’abreuver au proto-punk sur « No No No » qui évoque les MC5 et de pousser ses explorations du heavy metal au-delà de ses limites avec le viscéral « Star Ride » dont Kory se sert comme creuset pour y couler toutes ses influences et en ressortir une perle brillant de mille feux.
The Space Age Playboys apparait comme l’aboutissement de la carrière de Warrior Soul et un album indispensable pour tout amateur de metal.
@Denis Labbé