Après un premier EP « Live ?!*@ Like a Suicide », composé de quatre titres, Guns N’ Roses signe chez Geffen et publie ce premier album qui fait l’effet d’une bombe. Salué par quelques rares critiques, qui n’en font pas non plus la sortie du siècle et rapprochent la musique du quintet d’Aerosmith, de Rose Tattoo, d’AC/DC et d’Hanoï Rocks.
Pour certains, rien d’original non plus dans ce hard rock épais, crade, agressif, porté par une voix passée au papier de verre et porté par un guitariste surdoué dont seuls quelques-uns perçoivent déjà toutes les qualités.
Et pourtant… Et pourtant, les ventes explosent jusqu’à atteindre des sommets, puisque l’album dépasse les 18 millions de ventes aux Etats-Unis, plus d’un million en Angleterre, un demi-million en Allemagne et plus de 200 000 en France.
Autant le reconnaître, ce sont les fans qui ont fait ce disque, portant le groupe aux nues et faisant de ses musiciens de véritables stars.
Démarrant par « Welcome to the Jungle », un hard rock groovy que ne renierait pas Aerosmith, cet opus frappe immédiatement par son enthousiasme, sa science du riff et des mélodies qui touchent. Le charisme vocal d’Axl Rose participe à cet attrait, même lorsque les thèmes abordés sont peu recommandables comme sur l’hymne « Paradise City » au riff tourbillonnant et aux arrangements intelligents.
Il faut dire que le groupe aborde des sujets controversés pour l’époque comme la drogue, le sexe sur la bombe « Rocket Queen », la fête et l’alcool, autant de thèmes qui parlent aux jeunes des années 1980.
Le groupe sait habiller tout cela d’une musique rythmée, aux harmonies parfois à la limite de la distorsion, et de la justesse pour accentuer l’urgence de la musique, comme sur le subtil « Mr. Brownstone » dont le riff semble sortir de la guitare de Joe Perry, ou sur l’entêtant « Nightrain » qui apparaît comme le fils putatif d’AC/DC et de Rose Tattoo et sur lequel Axl prouve toute ses capacités vocales, notamment lorsqu’il pousse dans les aigus.
Sa polyvalence frappe sur les titres plus lents de cet album, comme la magnifique ballade « Sweet Child o’ Mine » qui donne des frissons et emporte tout le monde dans sa danse avec son refrain modulé et cette guitare qui nous enveloppe.
Plus nuancé, « My Michelle » trompe son monde avec ses différents changements de rythmes qui mènent à un refrain rapide pour une évidente réussite artistique.
Ces rythmes rapides sont une des marques de fabrique de cet album qui puise son énergie dans le punk rock avec le torturé « It’s So Easy » sur lequel le mélange des voix est finement travaillé, ou encore « You’re Crazy » qui doit autant aux MC5 qu’à Hanoï Rocks et Rose Tattoo, avec son riff simple, mais tranchant et sa folie communicatrice.
On le comprend, Guns N’ Roses maîtrise de nombreuses influences, puisant dans le hard rock pour « Out ta Get Me », le punk rock : « Think About You » ou le blues rock à la Bachman Turner Overdrive sur « Anything Goes », avec ce gros son caractéristique.
Propulsé par une série de clips qui font fureur sur MTV et les chaînes spécialisées, Appetite for Destruction explose tous les compteurs pendant que le groupe sillonne le monde en long en large et en travers.
Le 30 avril 2018 sort une box quatre CD et une cassette, qui contient la version remasterisée de l’album, un CD « B-sides, EPs N’ Mor », des enregistrements réalisés lors des 1986 Sound City Sessions et un 1986 Sound City Session N’ More.
En bonus, quatre titres sur la cassette. Un must accompagné d’un superbe livret.
@Denis Labbé