Après le succès de All the Young Dudes (1972) produit par David Bowie, qui leur avait même écrit le titre éponyme, et la compilation Rock and Roll Queen, Mott the Hoople entre aux studios AIR et Abbey Road pour enregistrer ce nouvel opus, sobrement intitulé Mott et que le groupe produit lui-même.
Si des doutes avaient pu subsister quant à la capacité du quartet à réitérer ses exploits, ceux-ci s’envolent dès l’ouverture du fantastique « All the Way from Memphis ».
Mott the Hoople se montre toujours capable de nous offrir des morceaux d’un glam rock enjoué, comme c’est le cas pour ce rock endiablé soutenu par un piano et un saxophone entêtants, mais aussi sur le savoureux « Honaloochie Boogie », un peu moins rapide, mais qui sait jouer avec différentes intensités pour nous tenir en haleine jusqu’au refrain sucré.
Tout aussi emballant, le rock « Drivin’ Sister » s’appuie sur un riff distordu signé Mick Ralphs dont la guitare est omniprésente, ce qui est aussi le cas sur le plus subtil « I’m a Cadillac / El Camino Dolo Roso », aux lignes mélodiques délicates qui transporte la musique du groupe vers un rock un peu plus léger.
Les ballades ne sont d’ailleurs pas en reste sur ce disque en tous points excellents. « Hymn for the Dudes » est une petite perle de mélancolie portée par des guitares sèches et un orgue, ce qui permet à la voix de Ian Hunter de montrer toutes ses qualités.
Même constat pour « Ballad of Mott the Hoople (26th March 1972, Zürich) » qui évoque le départ de Mick Ralphs du groupe et qui a visiblement été écrite par Ian Hunter, même si tous les membres sont crédités. L’album suivant confirmera ce fait puisque deux nouveaux guitaristes apparaîtront sur The Hoople.
Si Mott contient des morceaux rock teintés de glam, comme le mid tempo « Whizz Kid » en partie narré, ou l’étrange « Violence » fortement inspiré par l’œuvre de Bowie, avec ses expérimentations et l’utilisation de voix qui répondent, l’album se clôt sur « I Wish I Was Your Mother », une chanson mélancolique, comme pour marquer la fin d’une époque.
Sans doute supérieur à All the Young Dudes, en raison de l’urgence et de la perte provoquées par le départ de Mick Ralphs, Mott est une vraie réussite qui, presque un demi-siècle après sa sortie, est toujours capable de nous toucher.
Une version CD est sortie en 2006, avec « Rose », une ballade accompagnée au piano qui était la face B du 45 t « Honaloochie Boogie », la démo de l’inédit « Nightmare », une démo de « Honaloochie Boogie » qui présente une version un peu différente de l’album et « Drivin’ Sister » en concert.
@Denis Labbé