Repéré par le label Megaforce grâce à sa démo « No Life ’til Leather », Metallica entre en studio à Rochester avec le producteur Paul Curco pour enregistrer ce premier album.
Influencé par la New Wave Of British Heavy Metal qu’admire le batteur Lars Ulrich et par les différents groupes dont proviennent les musiciens qui forment alors Metallica, ce premier opus provoque une vraie déflagration dans le monde du metal.
Cet album propose une musique rapide que l’on appelle encore speed metal, le terme thrash n’apparaîtra qu’en février 1984 sous la plume de Malcolm Dome, un journaliste du magazine Kerrang, en référence au premier album d’Anthrax.
« Hit the Lights », le premier morceau, déjà apparu sur la compilation Metal Massacre, mais avec un line-up bien différent, allie riffs ultra rapides, voix déchirée et batterie épileptique, pour une revisite déjantée de ce que Tygers of Pan Tang jouait à l’époque, avec une énergie punk que l’on retrouve également dans le furieux « Motorbreath », pas exempt d’imperfections, mais tellement frais et enjoué, avec sa batterie à contre-temps et ses riffs tourbillonnants, que tout cela ne se remarque qu’à peine.
Plus consistant, mais toujours aussi rapide, « Whiplash » joue sur une répétition du même motif que l’on retrouve déjà dans des titres Motörhead, nous montrant toutes les influences de la paire Ulrich et Hetfield.
(Il est à noter que le groupe britannique fera une reprise de ce titre en 2005 pour l’anthologie Metallic Attack: The Ultimate Tribute).
L’Angleterre est omniprésente sur ce premier album, notamment grâce aux penchants du groupe pour le punk, comme c’est évident sur « No Remorse », un cri que l’on retrouve d’ailleurs chez pas mal de formations du genre.
Le riff simple, le changement de rythme avant le refrain et ce chant hurlé sont caractéristiques du genre jusqu’à l’emballement final. « Metal Militia », le final de cet opus, est aussi fortement ancré dans le punk avec ce chant à la limite de la justesse, cet écho un peu maladroit et ce refrain simpliste qui claque comme des coups de fouet.
La basse, que l’on entend assez peu sur le mixage d’origine, est néanmoins au premier plan sur ce morceau propulsé par un riff tourbillonnant. Elle trouve toute sa place sur l’instrumental « (Anesthesia)—Pulling Teeth » entièrement joué par Cliff Burton.
A y regarder de près, une évidence s’impose. Les titres les plus complexes et les mieux construits, sont tous co-signés par Dave Mustaine, remplacé avant cet album par un Kirk Hammett qui allie les soli ultra rapides et parfois un peu répétitifs d’un morceau à l’autre.
Mais sa fougue et sa justesse technique gomment tout cela. La patte Mustaine est ainsi présente sur l’abouti « The Four Horsemen », ralenti par rapport à la version « The Mechanix » que proposera son groupe Megadeth par la suite.
L’influence du heavy metal américain est présente, notamment dans son caractère épique et un sens du groove des riffs.
Dans le même style, « Jump in the Fire » est basé sur un tempo médium qui évoque Iron Maiden, mais avec un riff groovy très américain.
Déjà présent sur leur démo de 1982, c’est l’un des plus vieux morceaux composés par le groupe. Il paraîtra sur un EP trois titres avec « Seek & Destroy » et « Phantom Lord ».
Ce dernier, co-écrit aussi par Mustaine, emprunte sa folie à un groupe tel que Raven, tout en étant structuré comme une composition de Diamond Head, nous montrant bien que le groupe se cherche encore.
Cela est criant sur « Seek & Destroy », un des morceaux emblématiques de ce premier album qui doit autant à Saxon qu’à Diamond Head, avec ce chant hurlé et ces riff qui donnent envie de secouer la tête en cadence.
A la surprise de beaucoup, l’album entre dans les classements de nombreux pays et dépasse les trois millions de ventes rien qu’aux Etats-Unis.
Plusieurs versions remasterisées sortent par la suite. En 1988, les reprises de Diamond Head « Am I Evil ? » et Blitzkrieg « Blitzkrieg » complètent l’album.
En 2016 paraît une Delux edition de six CD, ajoutant à la version de 1988, l’EP « Jump in the Fire », un live à l’Espace Balard en 1984, un CD de rough mix et deux autres concerts. Un coffret à posséder absolument.
@Denis Labbé