Formé par d’anciens membres de Stormwitch, Harald Spengler, Martin Winkler, Stefan Kauffmann, et Peter Langer, Witchbound doit changer de chanteur à la mort d’Harald et publie un premier album Tarot’s Legacy en 2016. Après le décès de Martin en 2019, le groupe est à nouveau ralentit.
Ce nouvel opus voit donc l’arrivée du guitariste Julian Steiner, mais également de la chanteuse Natalie Pereira dos Santos et du chanteur Tobias Schwenk en remplacement de Thorsten Lichtner, ainsi que du bassiste Frank Bittermann à la place de Ronny Gleisberg.
Ces bouleversements auraient pu faire craindre le pire, mais il n’en est rien. End of Paradise est une œuvre cohérente, riche, traversée par des moments de grâce comme ce superbe « End of Paradise » sur lequel les deux voix se complètent à merveille pour nous offrir un heavy metal racé, aux jolies mélodies vocales, qui nous renvoie au meilleur de Stormwitch.
Finement arrangées, les compositions du groupe nous entraînent dans des univers très différents, qui vont du metal direct, comme le rapide « Battle of Kadesh » qui donne envie de secouer la tête à des titres plus complexes comme le groovy « Flags of Freedom » soutenu par une section rythmique hypnotique et des claviers aériens. Chaque détail a été soigneusement pensé.
Si le mélange des voix féminine et masculine n’est pas unique dans le metal, il est suffisamment rare pour le souligner, surtout que Witchbound sait parfaitement s’en servir pour créer des atmosphères singulières, teintées de nostalgie comme sur « Carved in Stone », qui, de plus, est agrémenté d’un beau solo et sur « These Tears » qui permet aux voix de se répondre.
La richesse de cet album passe aussi par les thèmes abordés. On trouve ainsi des motifs historiques tel que « Torquemada », un hymne épique, la science-fiction avec le sautillant « Interstellar Odyssey », le fantastique pour une magnifique « Dance of the Dead » aux influences celtiques et la musique sur l’enjoué « As long as we can Rock » qui prend toute sa saveur après les malheurs ayant frappé le groupe.
Witchbound prend un soin tout particulier à construire ses chansons et à les arranger, nous offrant des compositions originales, mêlant différentes influences : « Last Divide » associe musique de la Renaissance, metal et jeux à plusieurs voix, tandis que la ballade « Our Hop » nourrit notre mélancolie grâce à ses nombreuses strates musicales et que « Foreign Shores » renoue avec les chansons de pirates que composait déjà Stormwitch bien avant les groupes à la mode actuellement.
End of Paradise est un superbe album, varié, complexe, aux riches influences, joué et composé par des musiciens bourrés de talent. Comment a-t-il pu être négligé par les gros labels qui signent pourtant des disques ineptes et des groupes qui n’ont rien à dire ?
@Denis Labbé