Avant de commencer, évacuons tout d’abord la question qui taraude nombre de fans.
Non, pas celle sur les deux formations portant le nom Sortilège, cela ne regarde que les musiciens, mais celle de la pertinence de réenregistrer douze anciens morceaux avec de nouveaux musiciens.
La réponse de Zouille est simple : « c’est une volonté de la maison de disques, dont le patron est fan du groupe ». Quant à la sélection de ces morceaux, ne nous la posons pas. Le groupe a dû faire des choix qui pourront diviser.
Le son de Phoenix est énorme, dynamique, actuel, ce qui permet de donner une seconde jeunesse à ces titres composés dans les années 1980.
La section rythmique, composée de Sébastien Bonnet (basse) et Clément Rouxel (batterie), venus de Zuul FX, apporte une assise solide, sur laquelle les guitares de Bruno Ramos et Olivier Spitzer posent leurs riffs.
L’ensemble, non seulement, tient la route, mais montre une réelle cohésion, comme sur les morceaux rapides que sont « D’ailleurs » dont le rythme est légèrement accéléré, « Messager » propulsé par une batterie implacable ou « Civilisations perdues » dont les arrangements ont été modifiés.
Le duo de guitariste s’est d’ailleurs approprié ces anciens morceaux, ôtant une partie d’une introduction par-ci, changeant un solo par-là, ajoutant quelques interventions à d’autres endroits, sans pour autant tout effacer, ce qui est un excellent point pour les fans de la première heure.
Toutes ces adaptations permettent aux chansons de parfaitement entrer dans ce millénaire qu’elles ne connaissaient pas.
Christian a également réalisé un profond travail sur ses lignes de chant pour les ajuster à ses capacités actuelles et gommer certaines montées dans les aigus.
C’est flagrant sur l’hymne « Sortilège », au refrain épaissi par de jolis chœurs, mais aussi sur les poignants « Délire d’un fou » et « Quand un aveugle rêve » dont la nouvelle version va en surprendre plus d’un.
Pourtant, le titre le plus profondément remanié est certainement « Mourir pour une princesse » qui bénéficie d’un vrai lifting, montrant les faiblesses de la production de 1986.
Ce constat se confirme sur « Marchand d’hommes » et « Chasse le dragon », eux aussi issus de Larmes de Héros. L’alliance entre une production actuelle, de nouveaux arrangements sur les voix et des chœurs finement travaillés apporte une vraie cure de jouvence à la musique de Sortilège.
Quant aux deux nouveaux morceaux, « Phoenix » et « Toujours plus haut », ils s’intègrent parfaitement à l’ensemble, ce qui n’aurait sans doute pas été évident si les anciens morceaux n’avaient pas été redessinés.
« Phoenix » est un beau mid-tempo, aux lignes vocales et aux paroles travaillées avec soin que l’on a envie de chanter avec Zouille. « Toujours plus haut » est plus complexe, avec un riff sautillant et groovy, soutenant un refrain et des couplets joliment ciselés. Sans doute le morceau le plus mélodique jamais écrit par le groupe.
Phoenix est un excellent album que j’ai eu beau triturer dans tous les sens, mais auquel je n’ai trouvé aucun défaut. Si je devais chipoter, j’aurais bien aimé retrouver « Amazone », « La Hargne des tordus » et « Le Dernier des douze travaux d’Hercule », notamment à la place de « Gladiateur » ou de « Majesté », mais ce n’est qu’un choix personnel.
@Denis Labbé