👉 [Chronique] – Iron Maiden – Senjutsu (2021) by Denis Labbé.

3.5
(74)


1. Senjutsu
2. Stratego
3. The Writing on the Wall
4. Lost in a Lost World
5. Days of Future Past
6. The Time Machine
7. Darkest Hour
8. Death of the Celts
9. The Parchment        
10. Hell on Earth
 
Label : Parlophone/Warner Music

Il aura fallu attendre six ans pour qu’un nouvel album d’Iron Maiden nous arrive dans les bacs.

Voici donc Senjutsu, un mot que l’on pourrait traduire par « tactique » et qui va ravir les fans de Naruto, un opus de plus de 80 minutes mettant en avant un metal épique, sur fond d’imageries japonaises.

La pochette, plutôt réussie à côté de la daube servie sur The Book of Souls, apporte un point positif, aussitôt balayé lorsqu’on pose une oreille musicale sur le contenu à nouveau massacré par un son sourd, sans dynamisme, sans profondeur, impossible à arranger même avec une excellente chaîne hi-fi.

Au casque, on a l’impression d’avoir perdu la moitié de son acuité auditive. L’ensemble paraît avoir été compressé ou enregistré sur une vieille bande utilisée cinquante fois. C’est grave lorsqu’on sait de quels moyens dispose Iron Maiden.

Pourquoi un groupe d’une telle envergure continue-t-il à faire appel à Kevin Shirley qui se révèle incapable de produire un album de manière convenable ?

Des milliers de groupes possédant un million de moyens en moins qu’eux font largement mieux ! C’est simple, les soli sont écrasés, les riffs, même avec trois guitaristes, manquent de tranchant et la voix de Bruce, dont la puissance et le grain ont changé, est noyée dans une bouillie infâme.

Et ne parlons pas des arrangements, parfois subtils comme sur « The Writing on the Wall », qu’il faut extraire à la pelleteuse pour les apprécier.

C’est insupportable, et il faut vraiment avoir de la merde dans les oreilles ou n’écouter que du MP3 sur un téléphone pour accepter une telle production.

Le massacre est total sur « Lost in a Lost World » à l’ambiance très années 1970, affublé d’échos ridicules sur la voix de Bruce dans sa première partie et d’effets malheureux le reste du temps.

Un vrai gâchis que vient achever une basse mixée trop en avant dont le jeu est étrangement minimaliste. Quant aux « twin guitars », c’est du déjà mille fois entendu chez le groupe, ce qui est aussi le cas sur « Stratego » dont on n’entend pas distinctement les trois guitares…

Vous allez me reprocher d’être passéiste, de penser que « c’était mieux avant » ou de vouloir descendre une icône. Que nenni. Tout n’a pas été dit dans les années 1980, comme le crient certains vieux métalleux attachés à leur adolescence et à leurs vinyles qui craquent.

Plusieurs centaines d’albums bien supérieurs à Senjutsu sont sortis cette année.

Senjutsu contient néanmoins quelques bonnes idées, notamment le titre éponyme ou le refrain très classique de « The Writing on the Wall », mais l’ensemble est moyen voire médiocre.

Le groupe passe la plupart du temps à calquer les lignes de chant sur les lignes de guitares comme sur le poussif « The Time Machine » qui est sauvé par un break copié sur Savatage ou le répétitif « Hell on Earth ». Il est facile d’en conclure que Bruce n’a pas eu son mot à dire, ce qui n’étonnera personne.

Pour résumer, on s’ennuie sur les soi-disant morceaux épiques tels que « The Parchment » qui traîne en longueur, « Darkest Hour » sur lequel je me suis endormi à chaque écoute ou l’inutile « Death of the Celts ».

Que reste-t-il pour sauver cet album ?

Un « Stratego » écoutable en plus des deux morceaux déjà évoqués.

Pour le reste, Sejutsu est un album moyen, composé par un groupe devenu moyen, qui dissimule ses lacunes derrière l’accumulation de duels de guitares répétitifs comme sur « Death of the Celts » qui ressemble à une longue jam des années 1970.

@Denis Labbé




Denis Labbé
Chroniqueur
A propos :  Ecrivain et chroniqueur, Denis a plongé dans le metal dès l’adolescence. Il a vite compris qu’il faisait moins de bruit en écrivant qu’en chantant.

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5 Commentaires

  1. T’est dans le champ mon Denis, pour ce qui est de la production par contre, je suis d’accord que ce n’est pas celle de seventh son ou somewhere mais c’est la direction qu’ils ont voulu prendre depuis plusieurs années, plus brute, moins studio trafiquée. Je n’avais pas beaucoup aimé Book of souls qui pour moi était moins inspirée. Mais avec ce nouvel album, vraiment l’inspiration est de retour et comme l’on constate sur la toile, les retours vont en générale dans cette direction concernant l’inspiration. Ça force le respect que je constate tu n’a pas trop envers le groupe malgré les années qui passe pour ce groupe qu’est Iron Maiden. Mais bon tu n’a pas aimée et je respecte ta perception. Sans rancune et continue a faire de la critique…

  2. Bonjour,

    Assez d’accord avec la critique.

    J’ai tenté d’écouter l’album et ai vite arrêté car dire que je fus déçu relève du doux euphémisme.

    Production moyenne, son de batterie épouvantable (de toute façon le jeu de McBrain m’a toujours horripilé). Les morceaux sont mous et manquent de tout. Je me suis ennuyé et bien qu’étant moins au fait des productions métal de ces dernières années je sais néanmoins qu’en 2021 il y a d’autres albums ou groupes qui valent le détour.

    Je présume que l’album se vendra bien car c’est Maiden et que le succès engendre le succès. On écoute Maiden comme on va voir un nouveau James Bond (mais niveau qualité la franchise de Fleming a elle sérieusement relevé le niveau ces dernières années) mais je pense qu’à un moment donné il faut tourner la page, ou changer radicalement de style…juste pour voir…mais je ne pense pas que les anglais auront ce courage ou cette lucidité. Après tout ACDC joue la même musique depuis des lustres et n’a jamais eu autant de succès.

    Maiden fait partir des dinosaures, a inventé / jeté les bases du métal moderne et à ce titre ils méritent notre respect et admiration mais pas au point d’être à ce point indulgent et de supporter des oeuvres aussi médiocres. Navré si j’en choque certains mais être fan n’implique pas l’acceptation de tout et n’importe quoi.

    Je gage déjà que lors des interviews, les musiciens se vanteront d’avoir réalisé leur meilleur album.
    Je leur laisse.

    Cordialement

    B.T

  3. Analyse intéressante sur le fond et sur les lacunes du Maiden post Brave New World. Mais cela reste très largement au dessus de la Prod métal actuelle : pas un seul groupe capable de me faire frissonner comme les anciens, à mon grand dam (j’adorerais…). Et ce n’est pas les groupes type Helloween, Savatage, Powerwolf…qui arrivent à la cheville de Maiden, même aujourd’hui.

  4. Ravi de tomber sur une page non envahie par des hordes de thuriféraires fanatiques en carence de lucidité… C’est clairement pour moi l’un des moins bons albums d’Iron Maiden, d’un groupe qui ne s’était jamais autant répété que sur cet album. L’inspiration ne manque pas totalement, mais, si l’album n’est pas totalement plat, il est indéniablement mou, mauvaise production ou non (et l’utilisation du synthé est rarement judicieuse).
    Le titre qui me plait vraiment est le premier, finalement. Le reste, quand je parviens à m’accrocher, me donne envie d’écouter « Virtual XI » !
    Finir sa carrière sur « The book of souls », plus varié voire audacieux par moments, eut été plus judicieux. Oui, c’est un souhait profond (et partagé) que de les voir s’arrêter. Iron Maiden reste glorieux ; que cette gloire ne se ternisse pas trop…

  5. le dernier helloween est nettement meilleur que cet album de maiden… y a pas photo!! maiden n’a plus l’inspi.. plus la prod non plus d’ailleurs…

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