Après avoir galéré une dizaine d’années dans des clubs miteux, Twisted Sister publie un premier EP quatre titres intitulé « Ruff Cuts » sur Secret Records, un obscur label britannique habitué au punk.
Ce premier méfait obtient étrangement un franc succès dans l’underground anglais ce qui conduit le label à proposer au groupe de publier un album complet.
Desservi à sa sortie par un son assez sourd, Under The Blade frappe par son immédiateté, son énergie punk rock, ses riffs tranchants et son groove irrésistible.
Malgré cela, il ne trouve pas grâce auprès de la critique qui le trouve trop brouillon et se moque du look de drag queens des musiciens. Dans les colonnes des magazines spécialisées, certains journalistes n’hésitent pas à remettre en doute la technique des musiciens.
Pourtant, avec le recul, il ne fait aucun doute que le groupe avait pondu là un album de metal teinté de glam, à la bonne humeur communicative : l’énorme « What You Don’t Know (sure Can Hurt You) » qui invite à faire la fête, l’ironique « Shoot ’em Down » ou l’hymne « Under The Blade » et sa montée en puissance.
L’album respire le rock’n’roll comme le hurle Dee Snider sur « Bad Boys (of Rock’n’roll) » à la mélodie entêtante ou sur le répétitif « Day Of The Rocker », idéal pour faire chanter le public lors des concerts.
C’est d’ailleurs ce qui transpire dans chacune de ces chansons : elles sont taillées pour la route et non pour atterrir sur une rondelle de vinyle, ainsi que le prouvent les brûlots que sont « Sin After Sin » au riff subtil ou le bouillant « Tear It Loose », bien plus complexes qu’il n’y paraît.
Les influences de Judas Priest sont présentes sur un titre comme « Sin After Sin », alors que les touches glam rock britanniques sont plus évidentes sur « Bad Boys (of Rock’n’roll) », ce qui rend le groupe assez inclassable.
Surtout que la voix et le charisme de Dee Snider emportent tout sur son passage avec un « Run For Your Life » méchant à souhait et un « Destroyer » dont la lourdeur est capable d’écraser un bunker.
En 1985, Atlantic réédite et remixe l’album en y incluant le bonus « I’ll Never Grow Up, Now », sorti en single en 1979. Des versions avec le mixage originel circulent alors sous le manteau, surtout à l’ère du CD. Il est finalement proposé par Eagle records en 2011.
Une version de l’album accompagnée des quatre titres de Ruff Cuts et d’une version live de « Shoot’em Down » enregistrée au festival de Reading en 1982 est aussi disponible.
Finalement, l’album se vend à plus de deux millions d’exemplaires, faisant taire une partie de ses détracteurs avant que le groupe ne devienne culte, comme cet album d’ailleurs
@Denis Labbé