Cinquième album de Riot, Born in America propose une excursion dans une musique moins agressive et plus complexe que sur les précédents albums tout en marquant la fin d’une époque.
Second opus avec le chanteur Rhett Forrester qui s’envolera ensuite vers une carrière solo en demi-teinte, il est également le dernier sur lequel apparaîtront Rick Ventura, Kip Leming et Sandy Slavin.
Si les fans de la première heure retrouvent quelques touches hard rock déjà présentes sur Rock City, ceux qui ont découvert le groupe avec Fire Down Under sont déboussolés, tant l’album est varié.
Si l’on retrouve plusieurs morceaux rapides comme le subtil « Wings of Fire » au riff inspiré ou le puissant « Vigilante Killer » qui renvoie au premier album d’Iron Maiden, plusieurs compositions adoucissent le propos.
Le disque s’ouvre ainsi sur un mid tempo très radiophonique, l’éponyme « Born in America », construit pour devenir un hymne fédérateur, mais qui ratera sa cible. Malgré le son typique de Riot, les fans ne s’emparent pas de ce titre, ce qui est bien dommage.
Ce regard porté vers une musique plus consensuelle s’incarne dans la reprise de Cliff Richard : « Devil Woman » agrémentée d’arrangements un peu datés et dans le presque FM « You Burn in Me » que l’on aurait pu trouver sur Restless Breed.
Avec le recul, ces chansons ne sont pas mauvaises et présentent un groupe en quête d’une nouvelle identité qui n’hésite pourtant pas à nous asséner une trilogie de pur heavy metal avec le furieux « Heavy Metal Machine » au refrain efficace, le sautillant « Where Soldiers Rule » que ne renierait pas WASP et le carré « Gunfighter » à (re)découvrir absolument.
Certes, certains morceaux sont un peu plus dispensables, comme le pâle « Running from the Law » aux accents proches de Saxon ou « Promised Land » qui semble répéter des motifs déjà présents sur les premiers albums du groupe, mais cela ne doit pas faire de l’ombre aux autres compositions.
Souffrant d’une mauvaise presse, Born in America, à la pochette hideuse, mérite qu’on lui donne une seconde chance afin d’en saisir toute la richesse.
Et même s’il fait pâle figure à côté de Fire Down Under et du monstrueux Thundersteel, ce n’est pas la catastrophe trop souvent évoquée.
@ Denis Labbé