Ce quatrième album des Canadiens d’Archspire poursuit l’évolution du groupe vers ce death metal technique dont on percevait déjà les prémices sur Relentless Mutation (2017) et qui n’a pourtant pas abandonné les touches progressives présentes sur The Lucid Collective (2014).
L’auditeur se retrouve ainsi avec une musique extrême qui puise à la fois dans le death extrême, le jazz fusion, le thrash, le grindcore, le heavy metal et le death atmosphérique pour nous livrer une œuvre aboutie qui fera date.
S’appuyant sur un concept de science-fiction qui nous interroge sur notre humanité, Bleed the Future repousse les limites du genre pour atteindre des sommets de puissance : « Abandon the Linear » à la basse inspirée, ou le démentiel « A.U.M. » qui clôt ce voyage dans le futur tout en nous cueillant par son groove étonnant : l’entêtant « Acrid Canon » dont on ne peut se dépêtrer ou le monstrueux « Drone Corpse Aviator » qui voit le chanteur Oliver Rae Aleron nous livrer une prestation de premier plan.
Chaque titre est une vraie déflagration à la structure complexe, mais pour autant aisément identifiable.
Ainsi, « Bleed the Future » est agrémenté d’une coupure légère pour mieux repartir sur une seconde partie plus mélodique, tandis que « Reverie on the Onyx » propose des passages heavy avant de nous cueillir par des soli fluides et des riffs flirtant avec le black metal.
En dépit de toutes ces variations, l’album jouit d’une vraie homogénéité et ne souffre d’aucun temps mort. « Golden Mouth of Ruin » nous entraîne ainsi dans un univers torturé qui épouse parfaitement les paroles, dans un mélange de death et de jazz fusion, avec quelques touches néo-classiques, que l’on retrouve également sur l’excellent « Drain of Incarnation » dont les motifs répétitifs contrastent avec les passages plus légers.
Bleed the Future est un album qui va faire date dans le milieu extrême, aussi bien par son inventivité que par ses qualités mélodiques et sa puissance.
@ Denis Labbé