Dixième album studio de Black Sabbath, le deuxième avec Ronnie James Dio et le premier avec le batteur Vinnie Appice, Mob Rules est une pierre angulaire de la discographie du groupe.
La face A de l’album est sans doute l’une des meilleures jamais enregistrée par les Anglais et certainement l’une des plus complète de l’histoire du metal. En quatre chansons plus un instrumental, Black Sabbath parvient à tirer la quintessence de son art.
On passe ainsi du rapide et puissant « Turn Up the Night » au riff écrasant et au rythme irrésistible, à l’inquiétant « Voodoo » qui permet à Dio d’aborder un thème fantastique qui lui sied parfaitement et dont le rythme envoûtant cueille l’auditeur dès l’introduction.
Plus ambitieuse encore, « The Sign of the Southern Cross » est une pièce magique de près de 8 minutes fonctionnant sur le contraste entre une première partie éthérée qui tranche avec la suite binaire et pesante.
Les apports de claviers rendent l’ensemble angoissant.
Après l’instrumental « E5150 » aux consonances SF, cette face A se clôt sur le monstrueux « The Mob Rules », dont le riff écrasant est magnifié par le solo de Tony Iommi. Dio y chante de manière impeccable, en faisant preuve d’une impressionnante expressivité. Repris en concert, ce titre devient un incontournable.
Si la seconde face est moins percutante, elle contient néanmoins d’excellents titres. « Country Girl » est une chanson gorgée de groove au riff entraînant qui épouse le chant sur certaines parties. Ces unissons permettent de rendre le morceau plus poignant.
Toujours aussi groovy, mais plus complexe, « Slipping Away » permet à Vinnie Appice de prouver ces capacités tant ce morceau repose sur ses changements de rythmes.
Il tranche avec « Falling Off the Edge of the World » qui, étrangement, annonce les morceaux « progressifs » d’Iron Maiden, avec son riff léché et ses développements sur 5 minutes. Une nouvelle fois, Tony Iommi y délivre un solo d’une rare fluidité.
L’album se clôt sur la fausse ballade « Over and Over », sans doute le moins bon morceau de l’ensemble, mais permet néanmoins à Tony Iommi de partir dans un long solo à la manière de ce qu’il faisait dans les années 1970.
Deux versions remasterisées de l’album sortent en 2010 et 2021. Dans la première, le Live at Hammersmith Odeon est inclus en second CD, tandis qu’une version démo de « Mob Rules » apparaissant en B.O. du film Heavy Metal et une version live de « Die Young » sont ajoutées sur le CD1.
Dans la seconde, c’est un Live at Portland qui est présent, ainsi que des morceaux enregistrés à l’Hammersmith Odeon et les deux inédits déjà cités. Les deux versions sont donc complémentaires.
@Denis Labbé