Avons-nous le droit de brûler nos idoles de quarante ans ? De nombreux fans répondent immanquablement « non » ! Cela s’est vu cette année…
Pourtant, certains musiciens mettent tout en œuvre pour nous encourager à le faire…
Après son départ houleux de Judas Priest et son impossibilité mal digéré d’y revenir, KK Dowing a décidé de rassembler autour de lui des anciens membres du groupe pour former KK’s Priest.
Rien que ce patronyme sonne comme un cover band ! On retrouve donc au chant Tim « Ripper » Owens, celui-là même qui avait remplacé Rob Halford, avant d’être évincé au retour réussi du « Metal God » et Les Binks, ex-batteur de Judas Priest. Les rancœurs sont difficiles à éteindre.
Sur le papier, ce projet pouvait sembler intéressant, surtout que les arrivées d’A.J. Mills (Hostile) à la seconde guitare et de Tony Newton (Voodoo Six) à la basse apportaient une certaine stabilité.
Mais c’était sans compter sur quelques écueils placés sur la route de ce navire… Tout d’abord, Les Binks n’a pas pu assurer l’enregistrement de l’album et fut remplacé par Sean Elg (Cage), enlevant un tiers de Judas Priest. Ensuite, n’est pas compositeur qui veut.
Si la paire Downing/Tipton avait su accoucher de riffs incontournables et monstrueux, que dis-je incontournables et monstrueux, totalement légendaires, Downing seul ne parvient pas à retrouver cette alchimie avec Mills.
Pire, plusieurs morceaux sont inutiles, comme le pénible et répétitif « Sacerdote Y Diablo », pourtant illuminé par un beau solo, ou le caricatural « Raise Your Fists », d’autres sont carrément pénibles : « Brothers Of The Road », tandis que plusieurs sont risibles, ne serait-ce que par leur titre : « Hail For The Priest », « Sermons Of The Sinner » ou « Return Of The Sentinel ».
En fait, c’est Powerpriest que le groupe aurait dû s’appeler…
Certes, tout n’est pas à jeter, et s’il s’était agi d’autres musiciens, sans doute aurions-nous pu prêter une certaine attention à ce pastiche de Judas Priest.
Oui, mais voilà, étant donné le pedigree des musiciens, on ne peut pas de contenter des trois-quarts de « Metal Through And Through » qui évoque Manowar, du rapide « Wild And Free » dont on a déjà entendu cette construction dans nombre d’albums du Priest ou d’un « Hellfire Thunderbolt » en forme de redite de toute la carrière des Britanniques…
Surtout que Tim Owens en fait des tonnes, comme s’il voulait montrer qu’il est encore capable de chanter « Painkiller », ce qui n’est plus vraiment le cas de Rob.
Peut-on brûler ses idoles ? Il semble qu’il ne soit pas nécessaire de le faire et que l’immolation est chose courante de nos jours. Sermons Of The Sinner en apporte une preuve évidente.
@Denis Labbé