Après la catastrophe artistique de Gravity (2018), Bullet for My Valentine devait absolument redresser la barre. Trop mou, mal arrangé, et lorgnant sur le plus mauvais côté de Linkin Park, Gravity aurait pu annoncer le chant du cygne des Gallois.
Oui, mais voilà, c’était sans compter sur leur volonté de se sortir de l’ornière dans laquelle ils s’étaient eux-mêmes fourrés. Le coup de barre est brutal, dans tous les sens du terme.
Bullet for My Valentine est un album agressif, bourré jusqu’à la gueule de riffs puissants, nourris au hardcore, au heavy metal et au meilleur du nu-metal. Matthew Tuck n’a jamais chanté de manière aussi violente : « My Reverie », nous offrant des prestations si intenses qu’elles nous font oublier l’étiquette de « groupes pour ados ».
Ici, chacun se lâche, que ce soit le guitariste Michael « Padge » Paget sur le furieux et mélodique « No Happy Ever After », la section rythmique sur le syncopé « Paralysed » dont certains motifs évoquent Disturbed ou l’ensemble du groupe sur le monstrueux « Parasite ».
L’auditeur est tellement surpris par cette débauche de riffs et de changements de rythmes qu’il peine à admettre l’identité du groupe.
Soutenus par la production dynamique de Carl Bown, les morceaux s’enchaînent sans jamais nous lâcher. Chaque chanson est un condensé de ce que Bullet for My Valentine sait faire de mieux : « No Happy Ever After » nous étonne par son groove irrésistible, « Death by a Thousand Cuts » nous charme par son mélange de finesse et de fureur, tandis que « Bastards » nous saisit par son entrain communicatif.
Aucun morceau ne paraît inférieur aux autres. Du tourbillonnant « Knives », au poignant « Rainbow Veins », en passant par l’alternatif « Can’t Escape the Waves » aux arrangements de toute beauté et l’écrasant « Shatter », chaque titre respire la réussite et le talent de compositeur de ce groupe qui surprend à tous les égards.
Bullet for My Valentine m’a scotché, d’autant plus que je n’ai jamais rien attendu de ce groupe.
En abandonnant leurs velléités commerciales, les musiciens nous montrent une profondeur à laquelle on ne s’attendait pas. Chapeau bas !
@Denis Labbé