En général, il n’y a rien de plus simple à chroniquer qu’un album d’U.D.O. Pour cela, il suffit de reprendre celle de l’album précédent, de changer les titres de chansons et le tour est joué. Depuis que le chanteur a monté son propre groupe, il livre plus ou moins la même musique, dérivée de celle d’Accept, en moins inspirée, en moins technique, en moins variée, pour résumer : en moins bien.
Lorsque j’ai lancé Game Over, je me suis donc dit que j’allais torcher ça en quelques minutes, surtout que le single « Metal Never Dies » ne m’avait pas laissé beaucoup d’espoir de changements. Bateau, faussement lyrique, s’étirant en longueur et chargé d’un pathos artificiel, ce titre s’inscrit dans la lignée de ce que le groupe a pu faire ces dernières années. Sortir ce morceau en premier single relève sans doute de la volonté de la maison de disques de ne pas froisser ou déstabiliser les fans du groupe… Qui le seront davantage en achetant l’album.
Eh oui ! L’existence d’un chroniqueur n’est pas rose. Alors qu’on s’attend à ne passer que quelques minutes sur une chronique, la richesse d’un album comme Game Over nous pousse à creuser, à décortiquer et à revoir toutes nos idées sur U.D.O…
Le premier constat est d’ailleurs assez étonnant : Udo semble avoir laissé les coudées franches au guitariste russe Andrey Smirnov qui lui a offert des compositions capables d’enfin l’arracher à la gangue Accept (pas sur tous les morceaux, quand même).
Les riffs sont riches, variés, parfois techniques, et teintés d’une certaine mélancolie : « Holy Invaders », « Midnight Starnger », sans pour autant oublier de nous secouer un peu l’échine : « I see Red » (qui débute comme « Love Child » d’Accept, on ne se refait pas…), « Speed Seeker ». Les soli sont inspirés et la paire qu’il forme avec Dee Dammers fonctionne parfaitement à présents.
Le propos est donc varié, puisqu’U.D.O. s’invite même sur les terres d’AC/DC avec le binaire « Kids and Guns », osant la ballade avec « Don’t Wanna Say Goodbye » qui n’est pas nous renvoyer à « The King » d’Accept.
Le groupe ose également un clin d’œil aux films Scream sur « Like a Beast » qui débute par un coup de téléphone menaçant avant que les chevaux ne soient lâchés. Si le refrain est un peu simpliste, le riff et les pré-chorus sont originaux et efficaces.
Les refrains sont d’ailleurs à la fois le point fort et point faible de cet album. Carrés et efficaces, ils sont souvent soutenus par de gros chœurs évoquant Accept : « Time Control », « Fear Detector », « Empty Eyes », tout en étant assez minimalistes pour permettre au public de les reprendre.
Les fans du groupe seront ravis, les amateurs de lignes plus complexes passeront leur chemin. Les amateurs de heavy metal aimeront les titres les plus lourds, comme le martial « Marching Tank », l’épique « Metal Damnation », ainsi que les envolées proposées par le rapide « Thunder Road » et l’enlevé « Prophecy ».
Game Over est un album étonnant, réalisé par un groupe en plein renouvellement, une chose à laquelle on ne s’attendait pas.
@Denis Labbé