Huit ans après End of Disclosure, Hypocrisy nous revient avec un album mêlant death metal, thrash, pagan et heavy, pour le plus grand bonheur de ses fans. Toujours nourris de science-fiction, les textes nous entraînent dans un univers riche, original et sombre qui nous renvoie à nos propres interrogations et aux angoisses existentielles, sociologiques et politiques de notre époque : « Bug In The Net ».
Démarrant par le furieux « Worship » qui donne son titre à l’album, ce nouvel opus frappe par son énergie brute, tempérée par des mélodies soignées qui tranchent avec les growls maîtrisés de Peter Tägtgren. Il se sert également de rythmes syncopés sur le démentiel « Dead World », aux limites de la folie, sur lequel les riffs tourbillonnent jusqu’à nous enivrer.
Comme à son habitude, Hypocrisy insuffle du groove à ses titres. « Greedy Bastards » en apporte un parfait exemple, tout en flirtant avec le black et le heavy, pour mieux nous surprendre et nous saisir aux tripes.
Il reprend des motifs similaires dans le sombre « Another Day » qui emporte tout sur son passage, les poussant même à leur paroxysme sur « Gods Of The Underground » qui clôt l’album, alors que le groupe nous donne envie de hurler avec lui notre rage à la face du monde sur l’excellent « Children Of The Gray ».
La section rythmique construit une assise imposante sur laquelle les guitares peuvent s’appuyer et varier les intensités, comme il est aisé de le remarquer sur le monstrueux « Brotherhood Of The Serpent » qui parvient à nous offrir la parfaite synthèse entre death, black, thrash et heavy.
Ce socle est nécessaire au développement des thèmes de Peter Tägtgren, ainsi qu’on peut le constater avec « They Will Arrive »
Dans un esprit différent, les Suédois ralentissent le rythme sur « Chemical Whore » pour mieux nous enjôler grâce à des lignes vocales subtiles et des riffs dangereux. Ils battent même Amon Amarth sur leurs terres avec l’épique « We’re The Walking Dead » qui doit autant à Bathory qu’au pagan metal (mais n’est-ce pas normal ?).
Après 30 années de sévices, Hypocrisy nous prouve que le death metal se bonifie comme le bon vin et en remontre aux petits jeunes qui voudraient lui piquer sa place dans le peloton de tête des groupes de metal extrême indéboulonnables. Worship est une vraie réussite.
Peter y fait la parfaite synthèse entre death, black, pagan, thrash et heavy. C’est monstrueux d’intelligence.
@Denis Labbé