Après douze longues années de silence et un nouveau changement de chanteur, Giant nous propose ce cinquième album studio qui risque de diviser la critique.
D’un côté, les fans de la première heure ne vont pas reconnaître le groupe des deux premiers albums et de l’autres les amateurs de rock mélodique vont adorer ces chansons portées par la voix de Kent Hilli, le chanteur de Perfect Plan.
Le débat est donc lancé, car malgré les interventions lumineuses de John Roth, le son et le style s’éloignent bien trop des débuts du groupe. Les morceaux eux-mêmes ne s’inscrivent pas dans ce que Giant nous proposait à cette époque révolue.
Si « Highway Of Love » est porté par un gros riff, que « Let Our Love Win » nous cueille par son groove irrésistible et que « Standing Tall » est un hymne capable de soulever des stades, le reste de l’album est moins puissant, plus consensuel.
Sans doute devons-nous mettre ça sur le compte du trio Alessandro Del Vecchio, Kristian Fyhr, Pete Alpenborg qui a composé une bonne partie des morceaux, car il faut l’avouer, David Huff ne semble plus à la barre artistique du navire, laissant les rênes à Frontiers.
Malgré ce constat, l’album tient la route, même lorsque le groupe se lance dans les habituelles ballades prisées par le label : « Anna Lee », « It’s Not Over » et « I Walk Alone ».
Kent Hilli s’en sort d’ailleurs à merveille, grâce à une vraie capacité d’adaptation, comme il le montre aussi sur les petites douceurs FM que sont « Never Die Young » (qui renvoie à Journey), « The Price Of Love » (qu’aurait pu chanter Foreigner) ou « Don’t Wanna Lose You » (dans la lignée de Survivor).
Rien n’est à jeter, mais on peut s’étonner du manque de personnalité de titres comme « The Price Of Love » et « Don’t Wanna Lose You » (aux faux airs de Rainbow) qu’une bonne quinzaine de groupes du label auraient pu interpréter…
Shifting Time est un bon album, mais ce n’est pas un album de Giant, il est trop lisse, trop préfabriqué.
@Denis Labbé