👉 [Chronique] – Poison – Native Tongue (1993) – Denis Labbé.

4.4
(65)


1. Native Tongue
2. The Scream
3. Stand
4. Stay Alive
5. Until You Suffer Some (Fire and Ice)
6. Body Talk
7. Bring It Home
8. 7 Days over You
9. Richie’s Acoustic Thang
10. Ain’t That the Truth
11. Theatre of the Soul
12. Strike Up the Band
13. Ride Child Ride
14. Blind Faith
15. Bastard Son of a Thousand Blues

Auréolé du succès des multiplatine Look What the Cat Dragged In (1986), Open Up and Say… Ahh! (1988) et Flesh & Blood (1990), Native Tongue sort malheureusement en pleine vague grunge, à une époque où le glam metal n’est plus en odeur de sainteté.

Pire, CC Deville vient d’être viré durant la tournée Flesh & Blood après s’être battu avec Brett Michaels, ce qui fragilise le groupe. Pour le remplacer, Poison engage l’excellent Richie Kotzen, au jeu plus bluesy, ce qui se ressent à l’écoute de cet album.

Gorgée de riffs bourrés de groove, la musique du groupe se rapproche de celle d’Aerosmith avec les excellents : « Stay Alive », « Ain’t That the Truth », « Blind Faith », « Bring It Home », qui donnent envie de taper du pied et de secouer la tête en cadence. Jamais Poison n’a sonné aussi juste, aussi chaud, mais cela se fait au détriment de la luminosité et de l’enthousiasme purement glam des deux premiers albums.

Si les soli sont d’une rare fluidité, les rythmiques complexes et le travail de la section rythmique renversante, les fans peinent à retrouver leur groupe fétiche. Poison semble avoir délaissé ses premières amours pour mieux coller à cette période plus sombre, incarnée par la génération X, les chemises à carreaux et les filles aux yeux caves et aux cheveux crasseux.

Les paroles évoquent des problèmes personnels et les injustices sociales, comme cela était déjà le cas sur Flesh & Blood. On est bien loin de la fête prônée sur Look What the Cat Dragged In et Open Up and Say… Ahh!.

Ainsi, « Body Talk » abandonne les envolées sensuelles attendues pour nous offrir un refrain carré, mais dépourvu d’envol.

La légèreté des hits précédents est remplacée par des propos plus sombres, qui puisent aux sources de la musique hard-rock : « The Scream », du blues « Bastard Son of a Thousand Blues » dont l’harmonica et le piano évoquent le southern rock et du blues rock : « Ride Child Ride ».

Aucune chanson n’est mauvaise, bien au contraire, Native Tongue semble être l’album le plus abouti et le plus sincère du groupe, mais il abandonne la patte Poison, même sur les ballades « Until You Suffer Some (Fire and Ice » et « Theatre of the Soul » qui s’inscrivent dans la lignée de ce que propose Guns ‘n Roses., ou « Stand » nourri au rhythm ‘n blues de la Motown.

Malgré la superbe production de Richie Zito, trois singles, et sans doute plombé par une pochette incompréhensible pour les fans du groupe, les ventes de Native Tongue peinent à décoller. Richie Kotzen participe à la tournée mondiale avant d’être viré peu de temps après. Il faudra attendre sept ans avant qu’un nouvel album studio ne voit le jour.

Pourtant, avec le recul, Native Tongue est un excellent album de blues hard, mais est-ce réellement un album de Poison ?

@Denis Labbé




Denis Labbé
Chroniqueur
A propos :  Ecrivain et chroniqueur, Denis a plongé dans le metal dès l’adolescence. Il a vite compris qu’il faisait moins de bruit en écrivant qu’en chantant.

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