Ce cinquième album des Britanniques se voit affubler de deux titres : Killing Machine pour le marché européen et Hell Bent for Leather pour le marché américain qui, de plus, se voit agrémenter de « The Green Manalishi (With The Two-Pronged Crown) », une reprise de Fleetwood Mac.
Sorti à peine neuf mois après le mésestimé Stained Class, un album à réhabiliter, Killing Machine propose des compositions variées, tout en privilégiant les titres purement heavy comme le rapide « Hell Bent for Leather » au riff irrésistible, le furieux « Running Wild » dont le son typique de Judas Priest annonce déjà British Steel ou l’énorme « Delivering the Goods » traversé par un superbe duel de guitares.
Le quintet installe peu à peu une musique plus lourde, comme l’atteste l’hymne « Take On the World » au refrain chantant, l’écrasant « Evil Fantasies » qui évoque un char d’assaut, ou le plus subtil « Killing Machine » dont le riff a fortement influencé les compositions d’Accept.
Ne nous y trompons pas, si cet album n’est pas cité parmi les plus représentatifs de la carrière du groupe, il se situe à une période charnière et dresse un pont entre les années 1970 et les années 1980, se révélant donc indispensable pour la bonne compréhension de la carrière du groupe.
Ainsi, le léger « Evening Star » aux touches pop et l’éthéré « Before the Dawn » aux effluves de Black Sabbath tranchent avec le reste de l’album, en gardant une porte ouverte sur les débuts du groupe et ses accointances avec le psychédélisme, tandis que la reprise de « The Green Manalishi (With The Two-Pronged Crown) » est totalement digérée pour devenir un vrai morceau de metal sur lequel le duo Dowing/Tipton s’en donne à cœur joie.
Restent les deux petites bombes bourrées de groove que sont le savoureux « Rock Forever » et le sautillant « Burnin’ Up », dont les riffs puisent dans le hard rock, pour nous prouver toute la richesse d’un groupe souvent cantonné à ses titres les plus durs.
Moins bien reçu que son prédécesseur aux Etats-Unis et bénéficiant d’un succès d’estime en Europe, Killing Machine est à redécouvrir, car il pose les bases de ce que vont être les plus grands succès du groupe durant la décennie suivante.
@ Denis Labbé