Le Griffe appartient à ces groupes obscurs de la New Wave 0f British Heavy Metal qui auraient pu, ou dû percer, mais qui sont restés bloqués dans les starting blocks.
Ce groupe de Stoke-on-Trent possédait pourtant tous les atouts nécessaires pour devenir un grand du metal à l’instar d’Iron Maiden ou de Saxon.
Après une démo trois titres sortie en 1981, le groupe signe un contrat avec Bullet Records et sort un Ep trois titres qui devait servir de carte de visite. Débutant par « Fast Bikes », un boogie hard bourré de groove, qui n’est pas sans rappeler Vardis ou Gaskin, cet opus nous présente une formation pleine de qualités, à commencer par la section rythmique composée du batteur Martin Allen et du bassiste Kevin Collier (futur Rogue Male) qui assurent une assise solide.
La voix de Chris Hatton, un peu éraillée, est parfaite pour ce morceau chaud et mélodique, au refrain aisément accessible. S’ensuit un mid-tempo sautillant qui évoque le « Too Scared To Run » d’Uriah Heep en plus lent. Les guitares de Paul Wood et Tim Blackwood se montrent tour à tour efficaces en rythmique et fluides en soli. « The Actor » clôt cet Ep sur un titre lent, presque doom, à la valeur indéniable.
L’année suivante paraît Breaking Strain, plus copieux avec ses cinq titres, dont deux empruntés à leur démo. Le style s’est un peu durci avec l’arrivée d’Amos Sanfillipo en remplacement de Tim Blackwood.
« Breaking Strain » est un morceau rapide, en twin guitars, qui emporte tout sur son passage. Puis le soufflé retombe avec le lent « Breathe Deeply », aux influences puisées dans les années 1970, à la manière de certains anciens morceaux de Judas Priest ou de Black Sabbath.
Le rythme reprend avec le très bon « Silent Running » qui lorgne du côté d’Iron maiden et l’épique « You’re Killing Me » qui associe le groove du précédent Ep à un metal mélodique de bonne facture. Le fan de cette époque ne peut qu’adhérer à ce morceau, propulsé par un refrain fédérateur.
La face B se clôt sur « Movin’ On », une chanson qui débute sur un instrumental assez lent pour ensuite accélérer le tempo avec l’arrivée du chant. L’ombre de Thin Lizzy n’est pas loin, même dans la voix de Chris Hatton.
Sur le 45 tours « You’re Killing Me » qui propose deux versions du même morceau, l’inédit « E.T.A. » attire l’oreille grâce à son groove communicatif et ses harmonies de guitares. La pochette également fait parler d’elle à l’époque avec cette femme tenant un fouet entre les dents.
En 2022, le label No Remorse ressort les deux EP sur un cd intitulé The EP’s qui contient l’inédit « Dead on Arrival », mais qui oublie « E.T.A. » et le premier morceau de la démo : « Who’s Kidding Who ».
Malgré cela, ne passez pas à côté de cette réédition si vous ne parvenez pas à mettre la main sur les vinyles d’époque.
@ Denis Labbé