Qui aurait pu penser il y a vingt ans que le metal deviendrait un phénomène mondial ?
Qui aurait pu penser il y a dix ans qu’un groupe mongol atteindrait une reconnaissance internationale ?
Qui aurait pu penser que cela se ferait en seulement deux albums ?
Et pourtant, c’est ce qui est arrivé avec The Hu, ce quatuor formé en 2016 à Ulaanbaatar (Oulan-Bator) qui mêle de la musique traditionnelle mongole à du rock et du metal.
Après le succès de leur deuxième album sorti en septembre 2022, le groupe publie en juin 2023 une version « deluxe » agrémentée de huit nouveaux titres : quatre versions acoustiques, trois versions en compagnie d’invités et une version étendue.
Pour ceux qui ne connaissent pas le groupe, il mêle instruments traditionnels et modernes. Les instruments les plus emblématiques sont certainement le tovshuur, une sorte de luth à deux cordes, et le morin khuur, une vielle à deux cordes également.
Cela apporte des sonorités chaudes et exotiques sur les compositions les plus calmes comme « Mother Nature », superbe en version acoustique et poignante dans sa version avec LP, ou l’entraînant « Triangle » qui est marqué par des vocalisent traditionnelles mongoles, comme c’est aussi le cas pour le sombre « Shihi Hutu ».
Si The Hu est capable de nous envoûter par ses mélodies uniques, il n’est jamais aussi puissant que dans ses titres épiques, à commencer par « This Is Mongol » qui possède toutes caractéristiques d’un hymne : son riff efficace, ses lignes de chant sauvages et répétitives, ainsi que son refrain à reprendre en chœur.
La version en anglais avec William DuVall perd de sa puissance en raison d’un changement total de refrain. En revanche la version acoustique qui se rapproche des chants traditionnels mongols retrouve cette force et donne envie de secouer la tête.
Autres titres épiques, « Tatar Warrior » et « Upright Destined Mongol » nous font côtoyer l’esprit guerrier de ce peuple des steppes, à grands coups de voix graves et de riffs martiaux. C’est aussi le cas avec l’écrasant « Black Thunder » qui s’allège dans sa version en anglais.
On ne comprend d’ailleurs pas la démarche de gommer les spécificités mongoles du groupe pour essayer de toucher un hypothétique marché américain. Une dose de musique arménienne aurait été de meilleur aloi…
De toute manière, ces bonus n’égalent pas les petites pépites que sont les sautillants « Teach Me » et « Bii Biyelgee » dont les bases folkloriques dominent, alors qu’elles sont intégrées à des éléments plus contemporains dans l’excellent « Set The World » ou le torturé « Segee ».
Rumble of Thunder est une vraie réussite qui gagne encore en épaisseur dans cette version « deluxe » qu’il ne faut absolument pas manquer.
@ Denis Labbé