Après le Remastered 2006 et le Destroyer – Resurrected (Remastered 2012) sorti au Japon, Kiss, jamais avare avec le porte-monnaie de ses fans sort ce 45th Anniversary Super Deluxe dans un coffret de 4 CD sur lesquels ne figure pas le mixage d’origine.
Le travail de dépoussiérage des dix titres est d’ailleurs de grande qualité, même si je ne vais pas faire un comparatif des différentes versions sorties depuis 1976.
Le son est plus épais, plus dynamique, ce qui permet de réécouter avec bonheur les classiques que sont « Detroit Rock City », « Shout It Out Loud », « King Of The Night Time World », « Do You Love Me? » et « Beth ».
Force est de constater que même remasterisée, la version studio de « God Of Thunder » paraît toujours aussi faible par rapport aux versions en concert, et que « Great Expectations » est un titre plutôt faible, tandis que « Sweet Pain » et « Flaming Youth » auraient sans doute mérité mieux que de tomber dans l’oubli, mais leur construction n’est pas totalement aboutie.
Le deuxième CD est vraiment passionnant avec la présence de démos de Paul Stanley et de Gene Simmons, ce qui permet de découvrir des chansons écartées et des premières versions de certains titres incontournables.
Evidemment, tout n’est pas exceptionnel : « Love Is Alright » ne propose pas de couplets, mais juste un refrain simpliste, alors que « Doncha Hesitate » aurait pu remplacer certains des titres les plus faibles de l’album. « It’s The Fire » est un bon morceau un peu psychédélique dans la plus pure tradition de Kiss. Les démos de « God Of Thunder And Rock And Roll » et « Detroit Rock City » montrent quel travail a été réalisé en studio pour les améliorer.
La partie de Gene est plus intéressante. « Bad, Bad Lovin’ » est un titre sautillant qui reprend certains motifs propre au bassiste. « I Don’t Want No Romance » est un rock un peu country, alors que « Burnin’ Up With Fever » s’appuie sur un riff bluesy pour développer une chanson très différente de ce que faisait Kiss.
Elle atterrira d’ailleurs sur le premier album solo de Gene en compagnie de « Man Of A Thousand Faces ». Plus intéressante, « Rock N’ Rolls Royce » est du pur Kiss qui aurait mérité un vrai développement et quelques arrangements.
Avec « Mad Dog », Gene explore un thème plus lourd au riff complexe. Un bon morceau, comme l’hypnotique « Night Boy », plein de finesses et l’entraînant « Howlin’ For Your Love », bien dans la lignée de ce que compose Gene Simmons.
Pour finir, « True Confessions » évoque BTO par certains côtés, ce qui n’est pas désagréable.
Le troisième CD propose des versions différentes des titres de l’album, notamment les « singles mix » de « Detroit Rock City » et de « Shout It Out Loud » qui gagnent en concision et donc en efficacité.
Passons sur les différentes versions instrumentales qui montrent malgré tout des modifications notables sur certains titres. En revanche, les versions alternatives de « Do You Love Me » et « Shout It Out Loud » permettent de comprendre le mode de fonctionnement du groupe et de son producteur.
On découvre également l’étrangeté « Ain’t None Of Your Business », un titre pesant qui annonce presque « War Machine » et qui débute par un décompte en allemand. A l’opposé, les différentes version de « Beth » allègent l’atmosphère.
Cerise sur le gâteau, le concert à l’Olympia du 22 mai 1976 clôt ce coffret dans un joyeux bordel organisé. Le son est limite, car trop distordu, les soli également, puisqu’on y entend de nombreux pains. Mais cela nous donne une belle vision de ce que représentait Kiss à l’époque.
Des classiques sont déjà présents, comme « Deuce » presque inaudible en début de concert, « Hotter Than Hell » dans une version distordue, « Firehouse » qui n’a pas encore atteint son acmé, une version rapide et hallucinée de « Nothin’ To Lose » et la découverte sur scène de « Flaming Youth », pas terrible, de « Shout It Out Loud » et de « Detroit Rock City » qui n’ont rien à envier à leur aînées comme l’excellente « Rock And Roll All Nite ».
En revanche, les soli de guitare (à la limite de l’insipide), de basse (qui dépasse le foutage de gueule) et de batterie sont totalement inutiles. Mais c’était l’époque qui voulait ça…
Un coffret indispensable pour tout fan de Kiss.
@ Denis Labbé