Ce huitième album de Within Temptation marque un tournant historique pour la formation batave puisque quatre ans après Resist, le groupe a décidé de se passer d’une major.
Libéré de toute pression et de toute ingérence, il peut donc explorer de nouveaux chemins en teintant son metal symphonique d’éléments industriels, d’esthétique gothique voire de metalcore.
Les guitares n’ont jamais été aussi épaisses, mais au lieu d’assommer l’auditeur tout au long d’un morceau, elles viennent soutenir certains mouvements comme sur le magnifique « Bleed Out », créant des contrastes avec la voix toujours aussi cristalline de Sharon.
L’ombre de Type O Negative plane quelque part dans les coulisses, comme celle de groupes comme Parkway Drive.
Les mélodies vocales sont toujours aussi soignées, soutenues par des chœurs et des effets qui, loin d’écraser la voix, lui permettent d’être mise en valeur : le subtil « Ritual » qui puise dans la musique électronique des années 1980 et celle des années 2000, comme si Eurythmics et Lady Gaga croisaient le metal symphonique.
C’est également le cas sur le plus sombre « Cyanide Love » qui insuffle une bonne dose de gothic et de metalcore à des motifs électroniques.
Malgré tout, Within Temptation reste un groupe de metal, ainsi que le prouve l’énorme « Unbroken », dont les riffs sont enjolivés par des nappes de claviers et l’excellent « Wireless » sur lequel les guitares alternent avec les claviers pour ériger des supports aux mélodies vocales.
En faisant évoluer leur musique, les Néerlandais déchirent les frontières entre les genres, ouvrant des portes vers des musiques qui enrichissent leur univers : le poignant « Shed My Skin » ou le dansant « Entertain You » qui joue avec des motifs du metalcore et des mélodies presque pop.
Alors que le metal symphonique tourne quelque peu en rond depuis une dizaine d’années, l’un de ses créateurs relance le genre en évitant de se scléroser.
Les paroles sont d’une rare profondeur : « Don’t Pray for Me » se veut le porte-drapeau des femmes opprimées, tandis que « The Purge » évoque la rédemption ou que « We Go to War » dénonce l’attaque de l’Ukraine par la Russie.
Bleed Out est une indéniable réussite, l’un de ces albums qui marquent une époque et un genre.