Au moment où Ruthless sort un nouvel album, il m’est paru intéressant de revenir sur ce premier opus qui jouit d’une certaine notoriété dans l’underground, notamment parce qu’il appartient à la scène californienne.
Formé en 1982 à Los Angeles, Ruthless publie un single en 1984, puis Metal Without Mercy un EP de 5 titres en 1985 avant la sortie de cet album sur le label français Axe Killer Records.
Adeptes d’un metal direct, les cinq musiciens alternent les titres rapides, médiums et lent, en mettant l’accent sur des riffs efficaces et des refrains souvent assez simples et directs.
Malheureusement, la production, pas vraiment au top, ne permet pas toujours de distinguer tous les instruments au milieu de ce déferlement d’énergie.
Cela n’empêche pas le fan de passer un bon moment à l’écoute des hymnes que sont « Know No Evil » et son refrain fédérateur, le groovy « Another Day In Hell » (qui aurait mérité de gros chœurs) ou le torturé « The Message » dont la seconde partie lorgne vers le speed metal, avant de ralentir à nouveau le rythme pour offrir une place prépondérante à la basse.
Ruthless n’est jamais aussi bon que lorsqu’il nous délivre des titres rapides, comme le furieux « Discipline Of Steel » qui donne son nom à l’album pour écraser tout sur son passage. Nous ne sommes pas loin des Allemands de Living Death, avec ces guitares démentes et ce chant halluciné caractéristique de ces années-là.
Plus mélodique, « Look Out » s’appuie sur un riff propice au headbanging, tandis que « Run For Your Life » déboule à vive allure, soutenu par une section rythmique puissante dont l’assise est primordiale pour ce genre de morceaux.
Noyé au milieu de la vague des années 1980, Ruthless propose pourtant de bons morceaux : le binaire « Hardcore » ou le complexe « Sign Of The Cross », qui doivent autant à Black Sabbath qu’à Judas Priest, et qui sont servis par Sammy DeJohn, un bon chanteur de metal et une bonne paire de guitaristes : Ken McGee et Steven T.Z.Z.
Jamais géniale, mais toujours efficace, la musique de Ruthless mérite d’être (re)découverte, non seulement parce qu’elle montre la richesse de la scène de son époque, mais aussi parce qu’elle en est l’un des fanions.
Sujet à des changements de line-up, Ruthless finit par se séparer en 1989, juste avant la sortie d’un nouvel album qui ne verra pas le jour.
Le groupe se reforme en 2008 autour de DeJohn et McGee, avant de sortir un nouvel album en 2018 puis un autre en 2024, mais avec le seul DeJohn aux commandes et une formation totalement remaniée.
@ Denis Labbé