La New Wave of British Heavy Melal fut si riche, qu’elle donna naissance à de nombreuses compilations lancées par différents labels avides de découvrir de nouveaux groupes ou de se faire un peu d’argent avec cette vague montante.
Derrière les deux volumes incontournables de Metal For Muthas d’EMI, le Metallic Storm d’Ebony ou le 100% Pure Metal Sampler de Roadrunner, la compilation New Electric Warriors de Logo est plus confidentielle, mais assez intéressante. En dehors de Vardis, qui était son groupe le plus important dans le genre, le label nous donne accès à l’underground britannique avec une quinzaine de formations de niveaux très disparates et quelques surprises.
La face A débute par Turbo, un groupe de Burnley, qui ne publia qu’un EP 3 titres et un 45 tours. Son « Running » est sautillant, tout à fait dans l’esprit de l’époque, avec un groove vraiment intéressant dominé par une basse qui évoque parfois Iron Maiden.
Suit Buffalo d’Accrington, qui nous propose avec « Battle Torn Heroes » un boogie-rock qui donne envie de taper du pied. Un bon morceau pour un groupe reformé dans les années 2000 après seulement deux singles publiés dans les années 1980.
Streetfighter nous offre l’inédit « She’s No Angel », un excellent morceau au croisement des années 1970 et du metal proposé par Iron Maiden, avec John Sykes (futur Tygers Of Pan Tang, Thin Lizzy, Whitesnake…) au chant et à la guitare, Merv Goldsworthy (futur Samson, Diamond Head, FM…) à la basse et Gary Taylor (futur Tank et passé par Buffalo) à la batterie. Le groupe ne sortira qu’un EP 4 titres autoproduit.
Passons sur Stormtrooper de Leeds, à ne pas confondre avec celui de Bristol, dont le hard rock à tendances sudistes, desservi par un son atroce, est répétitif et quasiment hors sujet. Plus intéressant, mais tout aussi confidentiel, Tarot (un groupe de Doncaster) nous offre « Feel The Power », un heavy rock soutenu par une voix éraillée et des guitares sympathiques.
Quant à Bastille d’Ingatestone, présent également sur une compilation de Sanctuary records, il explore un hard rock qui n’est pas sans rappeler The Angels avec son très bon « Hard Man » propulsé par un riff irrésistible.
La première face se termine par les sombres Oxym, avec « Hot Rain », une chanson ésotérique qui évoque un croisement entre Angel Witch et Witchfinfer General. Auteur d’un single en 1980, le groupe s’est reformé durant deux ou trois ans pour sortir un album en 2016.
Dans la lignée de Deep Purple, Dawnwatcher nous offre son « Firing On All Eight » porté par un orgue hystérique et un guitariste plutôt inspiré. Un excellent morceau qui clôt cette première face de manière vraiment intéressante. A noter les deux singles sortis par le groupe en 1980 et 1982.
La face B débute par les excellents Vardis et leur morceau « If I Were King (new take) » dans une version différente de celle de l’album 100 M.P.H. Enlevé, puissant, mélodique, ce titre est assurément le meilleur de cette compilation. Il est suivi par une autre très bonne chanson, « Rock & Roll Are Four Letter Words » de Silverwing, dans un style hard rock enjoué à la Hanoï Rocks, avec un chanteur déjanté. Après trois singles et un album, le groupe s’est séparé.
Rhabstallion est une formation underground de Huddersfield qui s’est reformée en 2015 et dont ce « Chain Reaction », un peu punky, est extrait de leur première démo. C’est frais, sympathique, bien plus que le daté « Holding Back Your Love » de Colossus qui semble s’être trompé de décennie.
Plus épais, « Workin’ Nights » de Jedediah Strut m’évoque les Français de Dum Dum Bullet, avec un son un peu sourd et une influence rock évidente.
Autre groupe de Burnley, Warrior (à ne pas confondre avec celui de Newcastle) nous offre « Still On The Outside », un hard rock inspiré par les années 1970, au riff plein de groove. Bien plus sympathique que le catastrophique « The Hit » des médiocres Kosh, assurément le plus mauvais morceau de cette compilation.
Tout est faux, depuis les guitares jusqu’au chant, en passant par un batteur qui vient de découvrir ses fûts et un bassiste qui suit le mouvement.
L’album se clôt magnifiquement sur l’inquiétant « Bedtime » de Race Against Time, un groupe mené par David Halliday (futur chanteur de Hell, pas le fils de Johnny…). On trouve les ferments de Hell, avec ses influences ésotériques, sa musique proche d’Angel Witch, en plus noire et ses lignes de chant hallucinées.
New Electric Warriors est une bonne source d’informations sur l’underground de cette époque. Le vinyle est trouvable, mais il existe également une réédition en CD par British Steel.