Je n’aime pas trop mettre de l’affect ou du pathos dans une chronique, ni m’imposer à l’œuvre. Mais les liens qui me rattachent à The Rods remontent à ma découverte du hard rock et aux échanges de cassettes que l’adolescent que j’étais alors pratiquait avec ses copains bardés de cuir et de fer, dont les chevelures léonines ne grisonnaient pas encore sous les assauts du temps.
Je ne me doutais pas que 44 ans plus tard, « Rattle The Cage » allait remplacer « Crank it Up » dans mes écouteurs, que « Now And Forever » allait détrôner « Power Lover » et que David “Rock” Feinstein serait toujours capable de claquer des riffs énormes comme ceux de « Shockwave » et de « Wolves At The Door », ni proposer des hymnes comme « Can’t Slow Down » et « Hearts Of Steel ».
Cinq ans après le très bon Brotherhood Of Metal, le power trio nous revient en pleine forme avec dix chansons nourries au metal le plus pur et soutenues par une production énorme qui apporte une dynamique à chaque titre.
Le début de « Now And Forever » en apporte une preuve flagrante avec sa basse vrombissante et ce riff soutenu par un orgue destiné à épaissir le son, ce qui lui donne un petit côté Deep Purple sous acide à la Motörhead.
Chaque morceau est une ode au heavy metal qui donne envie de chanter avec le groupe « Cry Out Loud » qui bat Manowar sur ses terres, secouer la tête en cadence : l’épais « Wolves At The Door » ou le groovy « Hell Or High Water », voire renverser les tables pour sauter en tous sens : le glam metal « Rattle The Cage » qui parvient à faire la jonction entre Poison et Kiss période Creatures of the Night.
Carl Canedy est toujours aussi efficace, avec son jeu varié, capable de s’adapter au heavy blues « Can’t Slow Down » comme à la déferlante « Shockwave » qui aurait plu à Lemmy, sans jamais perdre le fil, pour nous ravir en proposant une rythmique pleine de subtilité sur « Rattle The Cage ».
Rattle The Cage nous prouve que les vieux pots sont toujours capables de nous offrir de bien bonnes mixtures, sans jamais se tromper dans leurs recettes.
« Cela ne nous rajeunit pas » pourrait-on dire ! Eh bien si ! Voilà une excellente cure de jouvence.
@ Denis Labbé