Formé en 1993 par le chanteur Joey Lynn Turner (Rainbow, Deep Purple, Yngwie Malmsteen…), le guitariste Jeff Watson (Nightranger), le bassiste Bob Daisley (Rainbow, Ozzy Osbourne, Uriah Heep, Gary Moore…) et le batteur Carmine Appice (Vanilla Fudge, Cactus, BBA, King Kobra, Rod Stewart, Ted Nugent…), Mother’s Army est l’archétype du super groupe.
Lorsque sort ce premier album produit par le groupe au Camp Studio qui appartient à Jeff Watson, les attentes sont importantes chez certains fans de ces musiciens. Et pourtant, Mother’s Army ne sort qu’au Japon, sur le label Far East Metal Syndicate.
Pour quelle raison ?
La vague grunge a tout emporté sur son passage, balayant le metal et le glam. Nirvana et Pearl Jam raflent la mise et seuls Aerosmith et son Get A Grip, ainsi que, dans une moindre mesure, le Chaos A.D. de Sepultura parviennent à surnager.
Le Japon devient alors le refuge de nombreux groupes de hard rock et de glam metal. Ce qui est bien dommage pour les amateurs de ces musiques et une aubaine pour les dingues d’importations.
Bien écrit, finement composé, habilement produit, Mother’s Army explore de nombreux motifs du hard rock en puisant à la fois dans les années 1970 : l’introduction « Mother’s Army », le torturé « Dreamtime » aux arrangements psychédéliques, que dans la vague des années 1980 : « Save Me » qui apparaît comme un compromis entre Van Halen et Aerosmith.
Ce mélange des époques nous donne des chansons imparables qui mettent en avant à la fois la science du riff de Jeff Watson : le groovy « Darkside » et la voix chaude de Joe Lynn Turner. « Second Nature » en apporte une preuve éclatante, en nous entraînant dans un mélange entre Rainbow, période Difficult to Cure et Nightranger (quelle surprise !).
Jeff Watson se révèle être un soliste redoutable, tandis que la section rythmique assure une assise imparable qui permet aux morceaux de se développer avec brio, quelle que soit le thème proposé.
Ainsi « Memorial Day » s’appuie sur un rythme jazz rock pour ensuite lorgner vers les Beatles tout en pactisant avec Black Sabbath grâce à son thème lancinant et inquiétant. « Anarchy » s’inscrit dans la même thématique, avec son rythme lent et torturé, que soutient un refrain simple mais menaçant.
Le groupe se fait plaisir, sans s’occuper de ce que pourrait penser la critique. Le superbe « One Way Love » possède tous les atouts nécessaires pour passer en radio, comma la ballade « By Your Side » que Joe Lynn Turner éclabousse de toute sa classe. Malheureusement, quasiment aucune radio occidentale ni aucune chaîne de télévision ne diffusent ces chansons.
Mother’s Army n’est certainement pas l’album du siècle, mais il possède d’indéniables atouts et continuent à faire brûler la flamme d’un hard rock ciselé et plein de classe au milieu des chemises à carreaux et des jeans déchirés.
Mother’s Army sortira deux autres albums en 1997 et 1998 avant de se séparer sans obtenir le succès escompté et mérité.
@ Denis Labbé