šŸ‘‰ [Chronique] ā€“ TrustĀ – Trust (1979) by Denis LabbĆ©. šŸ’„

4.4
(66)

FormĆ© dans la rĆ©gion parisienne en 1977 par Bernie Bonvoisin et Norbert Ā« Nono Ā» Krief, en pleine pĆ©riode punk, le groupe publie un premier 45t Ā« Prends pas ton flingue Ā»/Ā« Paris by night Ā» quelques mois plus tard sur le label PathĆ© Marconi.

Le groupe Ć©cume toutes les salles parisiennes de lā€™Ć©poque dont le Golf Drouot. Un contrat est ensuite signĆ© avec CBS qui sort leur premier album en 1979. La direction musicale y est trĆØs variĆ©e, puisquā€™on y trouve des morceaux hard rock, des influences rock 70, une Ć©nergie punk et des touches de variĆ©tĆ© et des arrangements que lā€™on retrouve habituellement dans le funk.

Lā€™alliance entre les guitares inspirĆ©es de Nono et les paroles revendicatrices de Bernie, en accord avec lā€™ambiance de lā€™Ć©poque, semble toucher les jeunes de lā€™Ć©poque, notamment dans les banlieues, tout en intĆ©ressant un plus large public.

1. PrƩfabriquƩs
2. Palace
3. Le matteur
4. Bosser huit heures
5. Comme un damnƩ
6. Dialogue de sourds
7. Lā€™Ć©lite
8. Police-milice
9. H & D
10. Ride On
11. Toujours pas une tune

Lā€™album sā€™ouvre sur un hard rock carrĆ©, Ā« PrĆ©fabriquĆ© Ā» qui dĆ©nonce certains travers de la sociĆ©tĆ©. Le riff est entraĆ®nant, annonciateur des annĆ©es 1980. On comprend aisĆ©ment quā€™on tient lĆ  un grand guitariste, ce qui se vĆ©rifie sur le solo.

En revanche, la voix est hurlĆ©e, punk, et renvoie plus Ć  Paul DIā€™Anno quā€™Ć  Robert Plant. Cette dichotomie est sans doute ce qui a attirĆ© des fans vers Trust.

Bernie se veut le porte-parole dā€™un prolĆ©tariat exploitĆ©, comme dans Ā« Toujours pas une tuneĀ Ā», un titre peu marquant avec son ambiance 1970 et surtout Ā« Bosser huit heures Ā», un rock enlevĆ© dont les paroles, simples, directes, sont crachĆ©es plutĆ“t que chantĆ©es.

Ces morceaux frappent par leurs revendications sociales, mais sont dĆ©passĆ©es par Ā«Ā Lā€™EliteĀ Ā», un vrai hit en puissance, tenu Ć  bout de cordes par Nono.

La section rythmique assure, sans ĆŖtre de grande qualitĆ©, ce qui sera souvent le problĆØme du groupe. Les influences de Led Zeppelin et Black Sabbath sont Ć©videntes dans la maniĆØre quā€™a Nono de construire ce morceau en jouant sur les ambiances. Le solo, majestueux, Ć©claire lā€™ensemble.

AprĆØs les patrons, Bernie sā€™en prend Ć  la police dans Ā« Police Milice Ā». Les paroles, comme pour les titres prĆ©cĆ©dents, sont pleines de rĆ©criminations et finalement trĆØs basiques, voire scolaires, ce qui permet aux auditeurs de comprendre ses messages.

Plus proche du hard rock des annĆ©es 1970 que de la New Wave of British Heavy Metal qui pointe le bout de son nez, le riff de base est assez simple, les bruits de sirĆØnes apportent un peu de rĆ©alisme Ć  lā€™ensemble.

Le rock des annĆ©es 1970 est omniprĆ©sent sur ce disque qui se trouve Ć  une annĆ©e charniĆØre pour la musique. Jā€™ai citĆ© Ā« Toujours pas une tune Ā», on peut aussi Ć©voquer Ā« Le matteur Ā», dont le saxophone allĆØge lā€™ensemble avec ses ambiances funk, ou Ā« Palace Ā», avec son introduction assez proche du rock variĆ©tĆ© de cette Ć©poque et son rythme disco funk.

Plus intĆ©ressant grĆ¢ce Ć  un riff digne de Frank Marino, Ā« Comme un damnĆ© Ā» propose un mix entre boogie et rock, un peu gĆ¢chĆ© par un son de batterie trop lĆ©ger.

On comprend que le groupe hĆ©site entre plusieurs directionsĀ : tirĆ© vers le punk par son chanteur, vers le hard rock par son guitariste et freinĆ© par une section rythmique poussive et une production pas vraiment Ć  la hauteur.

Ce constat est criant sur Ā« H & D Ā», un des meilleurs morceaux de lā€™album grĆ¢ce Ć  sa construction intelligente, ses riffs accomplis et son solo de grande qualitĆ©. Les effets sur la voix sont les bienvenus, ce qui rend le chant de Bernie moins rude.

La reprise du Ā« Ride On Ā» dā€™AC/DC marque les esprits et attire vers le groupe des fans qui ne lā€™auraient certainement pas remarquĆ©. Il fait entrer Trust dans la famille du hard rock, mĆŖme si le rendu du morceau tire un peu sur la variĆ©tĆ© en raison de chœurs fĆ©minins trop gentillets.  

Symbole des annƩes Giscard, comme TƩlƩphone ou Renaud, Trust parle Ơ une jeunesse populaire qui ne se retrouve pas dans cette sociƩtƩ et qui va vouloir un changement de politique en 1981 (en se faisant royalement entuber).

Il incarne une Ć©poque oĆ¹ le rock Ć©tait la voix des banlieues et des laissĆ©s-pour-compte, place que lui a ravie le rap.

Le succĆØs de cet album qui va sā€™Ć©couler Ć  un million dā€™exemplaires surprend son label qui avait plutĆ“t misĆ© sur TĆ©lĆ©phone.

@ Denis LabbƩ


Denis LabbƩ
Chroniqueur
A propos :  Ecrivain et chroniqueur, Denis a plongĆ© dans le metal dĆØs lā€™adolescence. Il a vite compris quā€™il faisait moins de bruit en Ć©crivant quā€™en chantant.


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