Il aura fallu attendre 14 ans pour que Dyslesia nous propose un successeur à In Veins, Hearts and Minds. Cette longue attente a d’ailleurs fait craindre la fin du groupe qui nous revient avec une formation remaniée puisqu’il ne reste plus que le chanteur Thierry Lebourg et le guitariste François Loprete.
La musique aussi a évolué depuis l’excellent Who Dares Wins qui date quand même de 2001. Les envolées lyriques et les influences néoclassiques de leur métal progressif ont laissé place à des compositions plus torturées, soutenues par des riffs à l’accordage plus bas : « On The Way To Your Grave » et des changements de rythmes incisifs : le noir « Selfish » ou l’étonnant « Voices » et ses touches jazz rock.
En dépit de son âge, le groupe est quand même né en 1988, les musiciens ont la rage et nous le prouvent en insufflant des motifs issus du thrash dans son metal : les syncopés « No God To Pray » et « Deep Ocean », sans pour autant perdre sa puissance mélodique : le groovy « The Lights Of War », qui retrouve quelques touches néoclassiques sur ses soli de guitares.
Par certains côtés, Dyslesia parvient à faire la jonction entre le metal progressif de ses débuts et le thrash progressif d’un Heathen, sans pour autant renier ses bases. En cela, il s’inscrit parfaitement dans les préoccupations et les inquiétudes de notre siècle, ainsi que l’évoquent les paroles de ses chansons.
Chaque titre est bourré d’arrangements ciselés, comme ces harmonies de guitares sur le superbe « In The Trench » dont les chœurs donnent envie de chanter ou ces changements d’intensités sur « Summer 15 » qui nous envoûte grâce à son refrain et ses riffs soignés.
La section rythmique abat un travail remarquable en proposant une assise impeccable, souvent complexe : « Spirit Never Die » est traversé par un joli solo de guitare, tandis que le complexe « The Ending Light » explore des rives proches d’un Symphony X ou d’un Dream Theater pour clore de manière magistrale cet album.
Passé trop inaperçu, cet opus en tous points excellents mérite de trouver son public, car il marque le retour au premier plan d’un groupe hexagonal exigeant.
@ Denis Labbé