Afin de soutenir son album Repentless, Slayer a mis les bouchées doubles pour tourner à travers le monde, puis rendre compte de ses concerts grâce à ce double live (accompagné d’un DVD si vous le désirez).
En 21 titres, Slayer revisite donc une partie de sa discographie, en alignant aussi bien des classiques que des morceaux plus récents, avec cette puissance et cette débauche d’énergie qui caractérisent les Américains.
Après l’introduction « Delusions Of Saviour », « Repentless » ouvre les hostilités à grands renforts de riffs écrasants et de ce rythme thrash si caractéristique qui a fait de ce morceau une réussite. Si l’interprétation est impeccable, il n’en va pas de même pour le son qui manque un peu de dynamique et de profondeur.
Cela s’arrange sur certains morceaux, mais on peut être un peu désorienté lorsqu’on est fan du groupe par le manque de puissance, alors qu’en live, Slayer écrase tout sur son passage. Il faut donc pousser le volume à fond pour bénéficier d’un déferlement digne de ce nom.
En contrepartie, certains hurlements du public s’incrustent, notamment lorsque Tom Araya ne chante pas. Je dois avouer que ça m’a vite énervé. Je ne suis pas adepte des overdubs trop marquants, mais là, ça donne l’impression qu’on a payé trois allumés pour gueuler ou que ces cris ont été rajoutés au mixage…
Sinon, on retrouve les bombes que sont « The Antichrist », « Mandatory Suicide » et « War Ensemble » qui nous scotchent dès le premier CD, en plus du final composé des énormes « Seasons In The Abyss », « Hell Awaits », « South Of Heaven », « Raining Blood », « Chemical Warfare » et « Angel Of Death ».
D’ailleurs ce n’est pas un final, mais une apocalypse, tant l’association de ces morceaux ne peut qu’écraser l’auditeur et lui faire comprendre que Slayer est toujours une machine de guerre.
Mais qui pouvait en douter ? La paire de guitaristes Gary Holt/Kerry King mouline à s’en brûler les mains, nous assénant des riffs corrosifs, avant de passer à des soli qui ressortent de ce maelstrom comme par miracle.
L’ensemble est violent, ancré dans un thrash sans concession et joué avec une ferveur digne de leur jeunesse.
Côté nouveautés, en plus de « Repentless » et de son introduction, Slayer extraie trois autres morceaux de son dernier album studio, à savoir l’énorme « You Against You », le plus nuancé « When The Stillness Comes » qui marque une pause salutaire au milieu de cet enfer et le lourd et un peu brouillon « Cast The First Stone » qui tient bien la route avant « Bloodline », mais souffre de la comparaison avec le final.
En revanche, le groupe délaisse quasiment World Painted Blood dont il ne joue que « Hate Worldwide » qui emporte tout sur son passage. Autre surprise, Slayer oublie totalement Christ Illusion, Divine Intervention et Diabolus in Musica.
Tout cela se discute, évidemment, surtout qu’aucun album live officiel n’était sorti depuis Undisputed Attitude (1991), mais un regard plus large porté sur sa discographie aurait rendu ce double live indispensable.
The Repentless Killogy (Live At The Forum In Inglewood, CA) est un bon album, incontournable pour tout fan de Slayer, mais qui ne rend pas réellement hommage au talent hors norme de ce groupe.
@ Denis Labbé