Sorti à une époque où il était de bon ton de descendre AC/DC pour mieux mettre en avant les nouveaux groupes, Flick Of The Switch ne reçoit pas de bonnes critiques et reste, de nos jours, souvent décriés par beaucoup.
Pourtant, à son écoute, il est évident qu’il possède d’excellents titres et que son côté « brut de décoffrage » est une vraie réussite. Arrivant après les gros succès de l’époque Brian Johnson que sont Back in Black et For Those About To Rock, cet album est aussi enregistré dans une période difficile pour le groupe.
En effet, Phil Rudd et Macolm Young entrent en conflits ce qui conduit à l’éviction du premier, en partie remplacé par B.J. Wilson (Procol Harum). Meme si, officiellement, les parties de batterie de ce dernier n’ont pas été utilisées, certains doutes persistent. Cela conduit des fans à s’éloigner d’AC/DC pour se tourner vers la nouvelle vague.
L’album débute par « Rising Power », un mid-tempo bourré de groove qui donne envie de secouer la tête en cadence et de taper du pied. Rythmé, binaire, et tout à fait dans l’esprit des premiers morceaux du groupe, ce titre est une bonne surprise, sans sortir de la norme.
Plus complexe, « This House Is On Fire » renvoie au meilleur du groupe, avec ce riff caractéristique, ces sonorités héritées du blues et ce refrain simple et efficace. Le solo d’Angus est sans doute trop simple, tout en s’inscrivant dans l’esprit.
Sur un rythme en douze mesures, « Flick Of The Switch » est un boogie chaud et entraînant qui est sorti en single. Dominé par son riff et son solo, il voit aussi Brian Johnson livrer une belle prestation avec sa voix éraillée si caractéristique.
Excellent blues rock lent, « Nervous Shakedown » s’appuie sur un refrain mélodique appuyé par des chœurs typiques d’AC/DC. On y retrouve l’enthousiasme des débuts, sans aucune recherche mercantile. Le quintet se fait plaisir et donne envie aux fans de chanter à tue-tête.
Moins connu, « Landslide » est un boogie furieux, teinté de hard rock, qui aurait dû avoir le même parcours que « Rocker ». Le riff est superbe, le chant est déjanté et les changements de rythmes judicieux. Une des chansons d’AC/DC injustement sous cotée, surtout qu’Angus Young se prend pour Ted Nugent sur ses interventions.
La seconde face débute par le single « Guns For Hire », sans doute le morceau le plus connu de cet album.
Construit sur une base classique pour les Australiens, il évoque les titres de Highway To Hell, en s’appuyant sur un riff carré, un refrain soutenu par des chœurs hurlés et un solo de grande tenue. Véritable hymne à hurler en concert, il a malheureusement disparu des listings du groupe avant d’être en partie réhabilité sur la BO Iron Man 2.
Plus dispensable, parce que répétitif, « Deep In The Hole » est un morceau lent au riff déjà entendu qui pêche par son manque de puissance et d’énergie.
Ce n’est pas le cas de « Bedlam In Belgium », qui donne envie de taper du pied, avec sa construction aboutie, ses riffs bourrés de groove. Apprécié par les tribute bands, ce titre est une belle réussite, grâce aussi à son refrain et à ses lignes de chant.
Comme beaucoup d’autres morceaux de cet album, « Badlands » est assez méconnu et mérite une réhabilitation. Hérité des blues rock de Chuck Berry, il est construit sur un riff classique, assez lent, qui permet au refrain de donner toute sa puissance.
Plus enjoué, « Brain Shake » propose un riff original sur un rythme rapide, qu’un refrain trop simpliste dessert un peu, ce qui est bien dommage. Néanmoins, on se laisse aisément emporté par son groove et charmé par son riff.
Si Flick Of The Switch n’est pas le meilleur album du groupe, il est loin d’être la catastrophe évoquée par nombre de magazines de l’époque.
Plusieurs de ses morceaux méritent une nouvelle écoute et pourraient réintégrer la set-list d’AC/DC en concert, si celui-ci était prêt à prendre un peu de risques. En comparaison de PWR UP, Flick Of The Switch est une réussite.