Lorsqu’en 1989, le monde de la musique apprend la formation de ce supergroupe, la stupeur est de mise. Que peuvent donc avoir en commun Tommy Shaw (Styx), Ted Nugent, Jack Blades (Nightranger) et Michael Cartellone (Lynyrd Skynyrd) ? Les réponses sont toutes tamponnées d’expectative et de doutes. Et pourtant…
Quelques mois plus tard paraît ce premier album éponyme qui est encensé par les médias spécialisés et boudés par les autres…
En dix titres, Damn Yankees parvient à proposer une alchimie entre les riffs inspirés de la paire Shaw/ Nugent et les mélodies de Blades/Shaw, à savoir un parfait équilibre entre le hard FM de Nightranger et le heavy de Ted Nugent.
Cela se confirme à l’écoute des brûlots que sont « Damn Yankees » propulsé par un riff cinglant, nourri aux Amboy Dukes, le mid tempo « Bad Reputation » capable de soulever des stades ou le groovy « Rock City » qui prend aux tripes.
Le groupe nous envoûte par son sens de la mélodie hérité de Styx et de Nightranger, comme sur l’excellent « Coming of Age » qui évoque parfois Def Leppard sur le refrain et Nightranger sur les couplets ou l’irrésistible « Tell Me How You Want It » dont les lignes vocales nous cueillent pour plus nous lâcher.
En dix chansons, Damn Yankees parvient à toucher le firmament du rock sans s’exposer à la moindre faille. Lorsque le furieux « Piledriver » abreuvé au sang de Ted Nugent renverse tout sur son passage, la power ballad « High Enough » emballe l’auditeur grâce à ses arrangements somptueux et son refrain ciselé.
Aucune faute de goût du hard FM « Runaway » porté par des chœurs sublimes, au boogie rock « Mystified », teinté de rhythm’n’blues qui confirme l’excellence de Ted Nugent, en passant par l’intimiste « Come Again » à écouter près du feu.
Ce premier album est une vraie réussite qui, plus de trois décennies plus tard, touche toujours autant les vrais amateurs de musique, notamment grâce à la production impeccable de Ron Nevison qui n’a pas pris une ride.
@Denis Labbé