Après une série d’albums encensés par la critique et dont les pochettes, illustrées par Frazetta, ont concouru à la notoriété du groupe, les sudistes de Molly Hatchet opèrent un virage plus hard rock.
Celui-ci est symbolisé par une pochette représentant le groupe armé et habillé en cow-boys, au milieu d’une ville typique de la fin des années 1800.
Les fans sont étonnés, ceux qui découvrent le groupe conquis. Autres changements importants, le retour de Danny Joe Brown au chant, alors qu’il avait été remplacé par Jimmy Farrar sur les deux précédents albums et le départ de Banner Thomas le bassiste originel du groupe qui composait également. Cela s’en ressent et modifie un peu l’équilibre.
Dès « What Does It Matter ? » les riffs des trois guitaristes pulsent un groove d’enfer, emportant tout sur leur passage.
La voix de Danny Joe Brown, épaisse et gorgée de Jack Daniels, crachent des couplets entêtants avant de nous asséner un refrain simple, mais ô combien fédérateur.
Le rythme est enlevé et convient parfaitement pour une entrée en matière. Ce déferlement se poursuit avec le très hard rock « Ain’t Even Close », au riff énorme, qui s’inscrit parfaitement dans une époque où le genre domine aux Etats-Unis.
Ce virage, peu apprécié par certains fans de la première heure, montre pourtant un groupe au sommet de sa forme.
On s’en rend compte avec « Sweet Dixie », une chanson typique du southern rock, aussi bien dans son rythme sautillant, ses influences country, que le thème abordé. Danny Joe Brown se la joue chanteur de saloon, tandis que les guitaristes s’en donnent à cœur joie pour nous entraîner dans leur gigue.
Pourtant le meilleur reste à venir avec la perle de plus de huit minutes que constitue l’énorme « Fall of the Peacemakers » qui est le « Free Bird » de Molly Hatchet, à savoir le meilleur morceau jamais écrit par le groupe.
Cette ballade poignante, au refrain lyrique, permet à la triplette de guitaristes de nous offrir leurs plus beaux duels de guitares, tandis qu’un piano vient souligner le tout avec une grâce évidente. Pour tout dire, cette chanson vaut à elle seule l’achat de cet album, tant les guitares pleurent avec un feeling rarement atteint.
Vient ensuite la bombe « What’s It Gonna Take », un titre écrit par Gary O’Connor, un artiste canadien qui a aussi composé pour 38 Special ou Eddie Money.
Gorgé de groove, sur un rythme entraînant, ce titre possède un refrain presque FM, mais arrangé à la sauce southern rock. Danny Joe Brown nous y prouve qu’il est un bon chanteur, capable de moduler un refrain superbement composé.
Les tentatives pour attirer un nouveau public sont évidentes sur ce titre, et davantage sur « Kinda Like Love » qui flirte avec une sorte de pop country FM. Sans doute le moins bon morceau de cet album qui plus est, écrit par des gens extérieurs au groupe.
Heureusement, avec « Under The Gun », les guitares reviennent au premier plan pour un brûlot southern rock mené sur les chapeaux de roues.
Basé sur un riff sautillant, que soutiennent des orgues chauds et savamment mixés, ce morceau emporte l’adhésion de l’auditeur en renouant avec les anciens thèmes du groupe.
Il en va de même pour « On the Prowl », un mid tempo entraînant, aux racines country et aux guitares rock, qui ouvre les portes d’un western gorgé de guitares, à la fois passionné et passionnant. L’album se clôt sur « Both Sides » un instrumental, léger, sur lequel les guitaristes se livrent à de beaux duels, appuyés par un magnifique piano.
No Guts No Glory est un album à part dans la discographie de Molly Hatchet, mais qui se révèle indispensable pour tout amateur de southern rock, car il est symptomatique des changements qui ont émané ce mouvement.