Lorsque Cheap Trick enregistre cet album live au Japon, le groupe n’a que deux albums studio à son actif, et un succès tout relatif aux Etats-Unis. Le pays du Soleil levant apparaît donc comme une sorte d’El Dorado.
Pourtant, tout commence assez mal, puisque des protestations accueillent la venue des Américains dans cet ancien dojo consacré au Sumo. Est-ce pour cela que l’atmosphère y est si électrique ?
La magie opère immédiatement dès les premières notes de « Hello There », un brûlot rock destiné à saluer le public présent, un public que l’on entend durant tout ce concert au son compact, aux harmonies soignées et aux interventions de Rick Nielsen si éclatantes.
Il faut dire que les musiciens se donnent à fond et qu’ils transcendent des titres jugés parfois trop propres dans leur version originale.
Pour s’en convaincre, il suffit de placer l’énorme « Big Eyes » sur la platine. Issu de l’excellent In Color (1977), il est magnifié par la voix habitée de Robin Zander et taillé dans du rock par une section rythmique au sommet de son art.
Il en va de même sur le puissant « Come On, Come On », aux accents punk rock qui ouvre de nouveaux horizons au quatuor. Trois autres titres sont issus du même album, de loin le mieux représenté sur ce concert. Il s’agit de « I Want You to Want Me », « Clock Strikes Ten » et « Hello There » déjà cité.
Ils donnent une couleur toute particulière à l’ensemble, même si le mélodique et pop rock « I Want You to Want Me » aère cette performance grâce à ses lignes vocales entraînantes et son rythme sautillant, tandis que « Clock Strikes Ten » clôt ce show avec une fureur boogie glam rock détonante. On en redemande, notamment grâce à la frappe de Bun E. Carlos et aux interventions de Rick.
Le reste de l’album est évidemment lui aussi au top, puisque le groupe n’hésite pas à proposer trois inédits, dont le superbe « Surrender » à paraître sur Heaven Tonight quelques mois plus tard et qui sera le premier single du groupe à entrer dans le Bilboard.
Une version de plus de neuf minutes de « Need Your Love » voit également le jour alors qu’elle ne sera posée sur album studio qu’avec Dream Police (1979). On le comprend aisément, le groupe est en pleine phase créatrice et prend des risques en proposant cet étonnant choix de chansons.
L’autre morceau inédit, « Look Out », bien qu’enregistré en studio, ne verra pas le jour sur un album, même s’il entraîne une version sur des bootlegs ou des compilations.
Les deux derniers morceaux sont déplacés sur l’album par rapport au show donné ce soir-là. Il faut dire que ce disque est amputé de neuf chansons que l’on retrouvera sur Budokan II. « Goodnight Now » avait l’habitude de clore les concerts du groupe, en étant une réponse à « Hello There » et était précédé de la reprise de Fars Domino : « Ain’t That a Shame ».
Ces deux titres forment normalement un tout, ce qui n’est pas évident sur cette version de l’album. Malgré cela, At the Budokan est une véritable réussite qui a marqué son époque et a fait exploser la popularité du groupe aux Etats-Unis.
Plusieurs versions sont ensuite sorties en CD, avec les titres disparus entre temps, mais aussi avec : « Stiff Competition », « On Top of the World » et « How Are You ? » enregistrés en 1979.
Pour les fans, At Budokan : The Complete Concert et la version 30th Anniversary avec un DVD capté par la télévision japonaise sont à favoriser.