En 1991, alors que le monde du rock voit l’irruption du grunge et l’effondrement du glam metal, Europe, le groupe suédois mondialement connu pour The Final Countdown, sort son cinquième album studio, Prisoners in Paradise. Cet opus marque un tournant, non seulement pour le groupe, mais également pour tout un genre musical qui vivait ses dernières heures de gloire.
Prisoners in Paradise s’inscrit dans la lignée des précédents albums du groupe, avec une production léchée et des compositions très mélodiques, un style bien rodé qui avait fait d’Europe une des figures de proue du hard rock des années 80.
Produit par Beau Hill, qui avait déjà travaillé avec des groupes comme Ratt ou Warrant, cet album propose une musique calibrée pour plaire aux fans de rock mélodique, avec des refrains accrocheurs, des solos de guitare brillants et la voix puissante de Joey Tempest.
Le guitariste Kee Marcello y livre des performances techniques et inspirées, notamment sur des morceaux comme « Girl from Lebanon » et « Talk to Me ». Malgré cette continuité musicale, l’album dévoile quelques touches de nouveauté, notamment avec des influences plus bluesy et une approche légèrement plus introspective dans certaines chansons.
Mais globalement, Europe reste fidèle à ce son glam et rock FM qui dominait encore la fin des années 80.
L’album commence en force avec « All or Nothing », un morceau énergique qui pose les bases de ce que sera Prisoners in Paradise : un rock direct, efficace, avec une touche de nostalgie pour les fans de la première heure.
La chanson-titre, « Prisoners in Paradise », est probablement le point culminant de l’album. Avec un texte évoquant les rêves inaccessibles et la quête de liberté, elle capture l’esprit de nombreux fans du genre à une époque où le rock n’était plus la force dominante qu’il avait été dans les années 80. Le refrain est puissant, tout en nuances, et rappelle les grandes heures d’Europe.
Un autre moment fort de l’album est « I’ll Cry for You », une ballade émotionnelle qui montre le côté plus doux et vulnérable du groupe. Ce morceau, construit autour d’une mélodie simple mais efficace, démontre une fois encore la capacité du groupe à écrire des chansons profondément accrocheuses et sincères. Mais Prisoners in Paradise ne se résume pas uniquement à des hits radio.
Des morceaux comme « Girl from Lebanon », plus sombre et politique, et « Halfway to Heaven », avec ses riffs percutants et son énergie communicative, montrent une volonté de diversifier les thèmes et les sonorités. On sent un groupe qui cherche à évoluer tout en restant fidèle à ses racines.
Malgré la qualité indéniable des compositions, Prisoners in Paradise arrive à un moment difficile pour Europe et pour la scène hard rock en général.
En 1991, le grunge de Seattle, avec Nirvana en tête, bouleverse l’industrie musicale, évinçant presque du jour au lendemain les groupes de glam et de hard rock des années 80.
L’album n’obtient donc pas le même succès commercial que The Final Countdown ou Out of This World, et souffre de la comparaison avec les nouvelles tendances musicales de l’époque.
Prisoners in Paradise n’est pas seulement le dernier album d’Europe avant leur longue pause de 12 ans, c’est aussi l’un des derniers témoignages d’une époque révolue du hard rock mélodique.
Si l’album n’a pas obtenu le succès escompté à sa sortie, il a su, avec le temps, gagner en reconnaissance parmi les fans du groupe et du genre.
Pour ceux qui aiment les grandes mélodies, les solos de guitare et la voix emblématique de Joey Tempest, Prisoners in Paradise reste un album à redécouvrir.
Il symbolise les derniers feux d’un genre qui, pour une décennie entière, a fait vibrer des millions de fans à travers le monde.
Stay Tuned
@Doc Olivier