Sorti en 1977, « Sin After Sin » est le troisième album studio du groupe britannique Judas Priest et représente un tournant crucial dans l’évolution du heavy metal.
Après deux premiers albums qui ont posé les bases de leur style, cet opus marque un perfectionnement dans leur approche musicale. Il est également leur premier à sortir sous un grand label, CBS Records, ce qui a ouvert au groupe les portes d’une audience plus large.
Voyons en détail ce qui fait de cet album un incontournable dans l’histoire du genre. « Sin After Sin » est non seulement une démonstration de la montée en puissance de Judas Priest, mais il symbolise aussi le début de la transition du heavy rock vers le heavy metal, un genre plus abrasif et rapide.
Le producteur de l’album, Roger Glover de Deep Purple, a su exploiter le potentiel du groupe pour en tirer une force musicale brute tout en conservant une certaine finesse dans la composition.
Cet album se distingue par une structure musicale plus agressive, une amplification du rôle des guitares jumelles (signé K.K. Downing et Glenn Tipton) et l’incroyable voix de Rob Halford qui montre toute sa polyvalence, passant de cris aigus à des notes plus graves.
C’est ce contraste qui caractérisera le son Judas Priest dans les années à venir. »Sinner », qui ouvre l’album, est une véritable déclaration d’intention. Long de plus de six minutes, ce titre commence avec une puissante ligne de guitare qui donne le ton.
Rob Halford s’y montre impressionnant avec ses cris perçants, tandis que la section rythmique formée par Ian Hill à la basse et Simon Phillips à la batterie (ce dernier étant un remplaçant temporaire) assure un tempo implacable.
Le second morceau, « Diamonds and Rust », est une reprise surprenante de Joan Baez. Là où l’originale était une ballade folk, Judas Priest la transforme en une véritable pièce de heavy metal, apportant une dimension tout à fait différente.
C’est une illustration de la capacité du groupe à transformer des morceaux d’autres genres en des compositions puissantes et métalliques. « Starbreaker » et « Let Us Prey/Call for the Priest » sont d’autres moments forts, montrant le penchant du groupe pour des rythmes rapides et des mélodies puissantes.
Ces morceaux contribuent à cimenter l’image de Judas Priest comme les précurseurs d’un son plus agressif et plus dur que la plupart de leurs contemporains.
Mais c’est peut-être « Dissident Aggressor » qui résume le mieux la direction que prendra Judas Priest. Ce morceau est à la fois féroce et innovant, avec une ligne de guitare ultra-rapide et des performances vocales qui frôlent l’hystérie.
Il est souvent cité comme un des premiers exemples de thrash metal, influençant des groupes comme Slayer, qui le reprendront plus tard.
Si « Sin After Sin » n’a pas été un énorme succès commercial à sa sortie, il est considéré aujourd’hui comme un album fondamental dans l’évolution du heavy metal. Il a influencé de nombreuses générations de musiciens grâce à son innovation musicale et sa combinaison de technicité et de puissance brute.
L’utilisation par Judas Priest de guitares jumelles deviendra l’une des signatures du heavy metal dans les années 80, et l’agressivité croissante du groupe sera reprise et amplifiée par les mouvements du thrash et du speed metal.
Cet album montre Judas Priest sur le point de devenir des géants du genre, avec une énergie et une ambition qui ne font que croître.
C’est une œuvre où chaque morceau semble être une pierre angulaire, influençant le futur du genre tout en consolidant l’héritage d’un des plus grands groupes de metal.
Titre à écouter : Snake
Stay Tuned
Doc Olivier